The All Black farmer Andrew Hore go back home !

Publié le 02 décembre 2013 par Tom_lexvnz @LEXVNZ

A l’ombre des phares médiatiques, Andrew Hore met un terme en novembre 2013 à une longue carrière professionnelle dédiée au rugby néo-zélandais qu’il traverse avec une grande simplicité. Il affiche pourtant 83 tests pour les All Blacks et 127 matches de Super Rugby.

Issu d’une famille de rugbymen (son frère Charlie Hore a joué pour les Highlanders au poste de demi d’ouverture), Andrew Hore montre un immense potentiel. Il représente la Nouvelle-Zélande pour les moins de 16 ans dès 1994, est membre des équipes nationales scolaires de 1995 à 1966, et des « colts » (les moins de 19 ans en 1999). Il s’impose difficilement au début de sa carrière, les All Blacks Anton Oliver et Tom Willis jouent et tiennent tous les deux le poste de talonneur à Otago et aux Highlanders. Durant les saisons 1998, 1999 et 2000, Andrew Hore doit se contenter de quelques matches pour Otago.

Inutile de continuer à gâcher son talent plus longtemps. En recherche de temps de jeu, il décide en 2001 de tenter sa chance aux Crusaders qui lui font une place dans leur squad. Mais là encore, Mark Hammett et Corey Flynn lui sont préférés (il rentre 6 fois en jeu au cours de l’année). Dans la foulée, il signe pour la Province de Taranaki (une 1ère saison étincelante où il dispute tous les matches et marque 5 essais), loin de ses terres et de la ferme familiale, mais s’ouvrant les portes des Hurricanes qui viennent de voir partir en retraite Norm Hewitt.

2002 est une année importante. Andrew Hore trouve ses marques aux Hurricanes et parvient dès sa « réelle 1ère année » en Super Rugby à décrocher une place dans le squad des All Blacks en partance pour une tournée européenne.

Pas de mauvais débuts, il reste indéniablement un joueur suivi de près, mais en pleine préparation pour la Coupe du monde 2003. La Nouvelle-Zélande connaît alors l’éclosion d’un certain Keven Mealamu et beaucoup d’autres talonneurs sont à cette époque devant lui.

Longtemps blessé en 2003, les années 2004 et 2005 se ressemblent pour Andrew Hore. Il devient un titulaire indiscutable aux Hurricanes en imposant un style robuste, vif et entreprenant, tout en continuant de faire des saisons pleines pour Taranaki. Jamais décroché, toujours au contact, il reste également dans la course et parvient à ré-intégrer par 5 fois les All Blacks.

Toutefois, en 2005, Andrew Hore, Matthew O’Connell (7 matches pour Otago entre 1997 et 1999) et Hamish Wilson (joueur de Maniototo) ont été reconnus coupables et mis à l’amende pour avoir tiré sur des lapins, tué au large de la péninsule d’Otago un phoque à fourrure protégé en Nouvelle-Zélande depuis 1978, ainsi qu’être en possession d’armes à feu dans un lieu public et touristique. Le fait qu’un All Blacks fasse la « Une » des faits divers de cette façon ne passe évidemment pas inaperçue dans le pays. Et bien que les 3 agriculteurs-rugbymen reconnaissent les faits et déclarent avoir honte de leurs agissements, le juge Rollo décrit à l’époque leur délit comme un « acte spontané d’hooliganisme, grossier et irresponsable ».

Andrew Hore vient effectivement d’une famille de terriens, d’agriculteurs. La ferme tenue par ses parents, Jim et Sue Hore, est familiale depuis que Charles Hore (arrière arrière grand-père d’Andrew) en 1910 achète le Lot 13 et le bloc Deep Creek, soit un total de 18 000 hectares.

Ce sont des terres éloignées de Dunedin, au centre de la Province d’Otago, constituées de collines et de ravins situées à l’extrémité sud du bassin Maniototo jusqu’à la rivière Taieri. Tenue de manière traditionnelle, certains travaux se font toujours à cheval, même si d’autres se font désormais en 4 roues ou à moto.

Jim Hore, vieux de la vieille, est un modèle pour beaucoup de régions rurales de Nouvelle-Zélande. Amoureux et respectueux de la terre (notamment via la mise en place d’un superbe système d’irrigation écologique) et de ses bêtes, il est généreux et fier de son métier ainsi que de la réussite sportive de son fils Andrew.

Et comme l’avocat d’Andrew Hore a déclaré en pleine affaire « soyez sûr que la plus grande punition pour Andrew Hore, c’est la médiatisation de cette situation. Il est clair et net qu’il ne le refera plus jamais ».

En 2006, Andrew Hore revient au rugby avec énormément d’envie. Il réalise une grande saison, pleine de rage de vaincre et remplie d’abnégation. Il devient le 1er talonneur à inscrire un « hat-trick » en Super Rugby. C’est également la seule année où les Hurricanes arrivent à se hisser en finale de la compétition.

Andrew Hore dans ses œuvres :

2007 est plus compliquée. Les Hurricanes s’écroulent en Super Rugby et la Coupe du monde est vécue comme une nouvelle grande désillusion. A déjà 29 ans, Andrew Hore ne pense pas une seconde à partir car il sait que ses plus belles heures ne sont pas encore arrivées.

2008 est une année exceptionnelle pour Andrew Hore. Au top de sa forme, il réalise une année incroyable avec les Hurricanes. Efficace sur ses lancés, présent dans le jeu au sol, défenseur acharné, porteur de balle énergique et toujours volontaire, il est élu meilleur joueur néo-zélandais du Super Rugby et ravit la place de titulaire à Keven Mealamu chez les All Blacks.

En pleine reconstruction après le nouvel échec en Coupe du monde de 2007, Graham Henry et Steve Hansen s’appuient sur ses qualités de leader et sur son dynamisme pour montrer l’exemple et construire un nouveau groupe.

Malheureusement il se fracture la cheville en fin d’année à Hong-Kong contre l’Australie et rentre se soigner dans la ferme familiale de Stonehenge. Blessure qui ne l’empêche pas, au terme d’une superbe année personnelle d’obtenir également  le Kelvin Tremain Memorial Trophy (prix du meilleur joueur néo-zélandais de l’année).

Andrew Hore revient au cours de l’année 2009 et enchaîne de belles prestations avec les Hurricanes puis avec les All Blacks.

Il devient Capitaine des Hurricanes en 2010, mais est de nouveau contraint, bien plus tôt dans l’année cette fois, de stopper son parcours avec les All Blacks sur blessure. Il fête également à Noël le 100ème anniversaire de l’établissement de sa famille dans la ferme de Stonehenge. Jim Hore, son père, raconte que des gens sont venus de l’île du Nord et même d’Australie pour fêter l’évènement.

« Les anciens ouvriers agricoles, quasiment tous les jeunes mecs qui ont travaillé ici ces 25 dernières années se sont présentés ». « On a attendu Noël, pour qu’Andrew soit là, c’est le meilleur moment de l’année. Un repas chaud, quelques bières, et on joue aux cartes » Jim Hore

Charlie et Andrew Hore ont même reçu les visites d’autres All Blacks comme Tony Woodcock, Conrad Smith, Jimmy Cowan et Stephen Donald.

2011 est une année particulière. Pour la Nouvelle-Zélande, qui accueille en grandissime favori la Coupe du monde mais également pour Andrew Hore dont le courant ne passe plus avec son ancien partenaire, concurrent, adversaire et désormais entraîneur Mark Hammett. C’est la fin de l’histoire aux Hurricanes. Il est licencié (tout comme Ma’a Nonu). Mais il souhaite tout de même rester en Nouvelle-Zélande. L’aventure européenne, le strass et les paillettes du Top 14 n’intéresse que très peu le garçon fermier de Maniototo.

« Je suis encore bon au service, j’ai encore un couple d’année raisonnables devant moi. Je veux trouver un nouveau job en Nouvelle-Zélande ».

Il trouve finalement un accord avec les Highlanders pour 2 saisons avec son ami Tony Woodcock qui le suit dans cette nouvelle aventure. Cette destination est en tout point idéal puisqu’Andrew Hore et sa famille viennent d’acheter une autre ferme à Central Otago. D’après lui, « Il y a assez de place pour se tenir suffisamment loin des femmes des autres ».

Mais il lui reste une dernière chose à faire avant de retourner sur ses terres. Gagner la Coupe du monde avec les All Blacks.

Cela fait 4 années pleines désormais qu’Andrew Hore et Keven Mealamu se partagent le poste de talonneur chez les All Blacks. Cette concurrence a resserré des liens d’amitié. Cette cohabitation perdure jusqu’à aujourd’hui, chacun ayant des forces différentes, mais hyper complémentaires. C’est Keven Mealamu qui est préféré pour jouer la phase finale de la Coupe du monde, Andrew Hore a, lui, l’honneur de devenir Capitaine des All Blacks contre le Canada, mais c’est surtout ensemble qu’ils ont enfin décroché un second titre de Champion du monde.

Cette 1ère année n’est pas optimale pour le nouveau talonneur des Highlanders. Par contre sur la lancée du titre, 2012 est une année presque parfaite pour les All Blacks. Le partage du poste avec Keven Mealamu est au summum. L’équipe gagne tous ses matches, hormis le dernier match de l’année face à l’Angleterre. Cependant, Andrew Hore est pris dans la tourmente, s’étant rendu coupable contre le Pays de Galles d’une manchette sur Bradley Davies qui sera victime d’une commotion cérébrale et pour laquelle il prendra 5 matches de suspension.

2013 ressemble à 2012. Peut-être encore plus extrême. Les Highlanders tombent encore plus bas et les All Blacks se hissent encore plus haut !

Andrew Hore se dirige vers une fin de carrière sans tracas, et 2013 était une belle année pour finir en beauté. Le ton sec, rustique mais accueillant et plein de blagues insouciantes. Pas un physique impressionnant, mais un mental, une volonté et une ténacité à toute épreuve. Peu de paroles mais beaucoup d’actes. Peu à l’aise devant les caméras, beaucoup plus la tête dans les rucks ou une mêlée. La retraite d’un cadre de ce niveau suscite forcément l’attention de la presse néo-zélandaise, l’humour sec pince sans rire d’Otago était forcément de sortie.

Quand on lui demande si le match contre l’Irlande sera son dernier match international : «La force des All Blacks signifie de toute façon que ça pourrait être votre dernier match à chaque fois que vous jouez. Je suppose que je ne vais plus remettre le maillot des All Blacks à nouveau. Keven (Mealamu) est très émotif, il dit qu’il ne veut même pas l’imaginer ».

Interrogé sur ses plans pour l’année prochaine: «Il y a une équipe qui s’est montrée très intéressée par mon profil, ils veulent que je joue pour eux, et j’espère qu’on pourra faire quelque chose de bien au Ranfurly Show »

Edit : Andrew Hore parle de son club, les Maggots de Maniototo, un niveau amateur.

Interrogé pour savoir s’il avait encore l’espoir de trouver une place en Super Rugby : « j’ai regardé tous les squads et je n’ai pas vu mon nom. Je suppose que je vais avoir un mois de Janvier paresseux, personne ne s’inquiètera de ce que je vais manger à Noël, je ne ferai plus le «test du yoyo ». L’avenir s’annonce plutôt bien ! ».

Puis plus sérieusement, il déclare : « Vous voulez jouer au rugby au plus haut niveau aussi longtemps que vous le pouvez. C’est comme une drogue, tout ce que vous voulez faire c’est de rejouer pour les All Blacks. Encore et encore. Et cela dès que vous avez joué votre 1er match. C’est pour ça que la Nouvelle-Zélande est si forte. Tout le monde veut jouer pour les All Blacks. »

Même si ses derniers mots ne laissent pas vraiment de place au doute, Andrew Hore, en bon fermier, refuse de confirmer que c’était son dernier match. Même sans contrat de Super Rugby, si Steve Hansen l’appelle, à l’issue d’un rocambolesque concours de circonstances, à coup sûr, il répondra présent.

«Il va beaucoup nous manquer, c’est un chef d’équipe formidable. » Mike Cron

« Il y a des hauts et des bas, vous devez vivre avec, mais je pense qu’en plus de 10 ans avec les All Blacks, je ressors comme une meilleure personne que lorsque je suis entré. J’ai eu un bon galop … je vais rentrer à la maison et me concentrer sur mon prochain emploi. J’ai hâte de mener une vie tranquille, je vais profiter de la vie maintenant ». Andrew Hore

« Andrew Keith Hore »

Né le 13 Septembre 1978 à Dunedin (Otago)

Physique: 1,83 m, 115 kg

Poste : Talonneur

Ecole : John McGlashan College

Club formateur: Spotswood Unies

Provinces: Otago et Taranaki

Franchises: Crusaders, Hurricanes et Highlanders

Surnom: “Horey”

All Blacks numéro : 1019 (entre Steve Devine et Keith Lowen)

All Blacks débuts: 9 novembre 2002 à 24 ans contre l’Angleterre à Londres.

Dernier match international : 24 novembre 2013 à 35 ans contre l’Irlande à Dublin.

All Blacks tests: 83 tests, 47 titularisations, 8 essais.

All Blacks capitanat : 1 fois, contre le Canada en 2011.

Super Rugby : 127 matches, 19 essais.

Palmarès: Tri Nations (ou Rugby Championship) 2006, 2007, 2008, 2012 et 2013. Coupe du monde 2011.

Crédits : Vidéos Ruggerdump, IRB, sources odt.nz, nzherald, stonehenge.co.nz, sport24.co, allblacks.com, stuff.co.nz, nzherald.co.nz