Polanski aiguise ses canines avant... "Rosemary's baby"
Le professeur Abronsius se rend en calèche, on est au XIXème certainement, avec son apprenti au cœur des Carapates, bien décidé à prouver au monde entier l’existence des vampires. Ils débarquent dans une taverne ornée de gousses d’ail… premier indice annonciateur d’une grandeur découverte… Les tenanciers tout comme les locaux ont des comportements bizarres… jusqu’au moment où la fille de l’aubergiste est enlevée, dans son bain dans une scène pleine de sensualité entre viol, violence et volupté par un comte aux dents longues. L’apprenti, Albert tombé sous le charme, accompagne le professeur dans la gueule du loup ; euh de Dracula, euh du comte ; enfin dans le manoir où le belle est détenue. Et ils ne sont pas au bout de leurs surprises.Dès le générique, on comprend que l’on n’est pas dans un film d’épouvante traditionnel. Proche du cartoon tout comme la première scène, ce film a dû influencer Tim Burton ; on retrouve beaucoup de ce film dans son œuvre. Entre parodie et épouvante, sans volontairement faire un choix, c’est un véritable conte à l’image des contes pour enfant d’autrefois. Et ce côté désuet n’est pas forcément désagréable à regarder surtout à l’approche de Noël. Ensuite, Roman Polanski qui a obtenu l’ours d’Argent pour son film précédent et d’Or pour le suivant (le très éprouvant « Rosemary’s baby ») ne lésine pas sur les signes d’une présence vampirique : ail, crucifix, jolies femmes à croquer, hurlements de loup, idiot du village, le monstrueux Koukol croisement du bossu de Notre-Dame et de la créature de Frankenstein… Tous les éléments sont bien présents. C’est le traitement toujours sur le fil du rasoir entre rire et effroi qui est spécifique. Et puis Polanski aux manettes prouvait déjà dès ses premiers films sa vistuosité comme metteur en scène : montage nerveux, jeu entre ombres et lumière, plans courts, enchainement rapide entre plans rapprochés et plans larges, mouvements de caméras,…Beaucoup d’élégance, pas le meilleur Polanski mais ce réalisateur mérite toujours le détour.En aparté ; dans l’auberge, les vices sont présents à tous les étages : le vin à la cave, la lâcheté dans la salle à manger, le voyeurisme au 1er étage, l’adultère au second.
Sorti en 1968