Ça y est, le Toulouse Game Show vient de fermer ses portes. On parle ici de l’édition automne-hiver. Le gros morceau. Celui qui prend tous les ans possession du Parc des Expositions de Toulouse. Un TGS que nous avons vécu en immersion, au plus près de l’action, collé -au sens littéral du terme- aux cosplayeurs et autres créatures qui ont parcouru deux jours durant les allées de cet événement geek national de grande ampleur.
Après avoir couvert le TGS Ohanami d’avril, soit l’édition printemps-été, où nous avions rencontré Warwick « Willow » Davis (interview ICI), nous nous sommes frottés à ce temple éphémère de la culture s.f, manga, comics, cinéma et série-télé et nous en sommes revenus vivants. Fatigués, mais vivants. Récit d’un week-end haut en couleur et surpeuplé…
Samedi 30 novembre 2013
10h30 : arrivé au Parc des Expositions de Toulouse. Après avoir tourné 20 minutes pour trouver une place, dans un parking qui n’est de toute évidence pas fait pour contenir le flot de visiteurs attendus, nous débarquons au TGS. Je suis accompagné de Marion, la webmaster du blog Gloss N’ Roses, qui couvre aussi l’évènement pour son propre compte et qui tient l’appareil photo.
La queue devant le bâtiment est impressionnante et le temps dégueulasse. Aujourd’hui, il pleut et il fait froid sur la Ville Rose si chère à Nougaro. Plusieurs visiteurs déguisés se voient trempés en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « geek », mais la bonne humeur prime.
Enfin à l’intérieur, après avoir retrouvé Sacha, je découvre l’espace presse mis à notre disposition. Fruits frais, compote, café, petits gâteaux, l’offre gastronomique est des plus sympathiques et nous permet de nous sustenter avant de pénétrer dans l’arène.
V
Premier constat une fois dans la place : le Parc des Expositions ne fait pas un aussi bon emplacement que le centre d’affaires Diagora qui accueille le TGS de printemps. L’acoustique est désastreuse, c’est trop grand et l’aération, inexistante, permet de jouir en permanence des effluves produites par les multiples stands de bouffe.
Et c’est donc enveloppé d »arômes chargés en graisse des churros que je me rends dans l’amphithéâtre censé accueillir la cérémonie d’ouverture. Là aussi, rien à voir avec Diagora, l’amphithéâtre étant en réalité une salle plutôt froide et inconfortable. Le son est de plus assez médiocre. Bref.
Les invités se succèdent sur la scène. La majorité des personnes présentes attendent fébrilement les acteurs et autres réalisateurs de plusieurs webseries ultra-populaires et non les « grands noms » conviés à la fête. Bob Lennon notamment est acclamé comme une rock star par le public. Vidéaste réputé et, d’après ce que j’ai compris, spécialisé dans les jeux-vidéos, Bob Lennon prend le micro et fait ce qu’il veut d’une foule acquise à sa cause. À ses côtés, les deux compères du Joueur du Grenier font aussi le bonheur des gamers. Avec plusieurs millions de vues récoltées sur leurs chaînes YouTube, ces mecs-là sont les véritables stars du salon. Les applaudissements sont terrifiants et jamais ils n’atteindront de tels sommets par la suite. Sauf peut-être quand l’acteur/scénariste/réalisateur/graphiste/animateur/auteur de bande-dessinée Davy Mourier fait son entrée. Idem pour l’équipe d’Hero Corp, emmenée par Simon Astier, visiblement très attendue elle-aussi.
Kristia Nairn alias Hodor de Game of Thrones sur la scène du Toulouse Game Show.
Quand vient le tour de Kristian Nairn, alias Hodor, seul acteur présent de la série Game of Thrones sur les quatre prévus (James Cosmo, Gethin Anthony et Daniel Portman ont en effet annulé successivement), et de Jeremy Bulloch, alias Boba Fett de Star Wars, lui aussi seul, alors qu’il devait être accompagné de Kenny « R2D2 » Baker ; la joie de la foule est plus contenue. Même quand Bulloch, ravi, lance sa mythique réplique « Put Captain Solo in the cargo hold », alors que dans mon coin, je jubile, la majorité reste timide. Même histoire quand sont présentés aux visiteurs, Benoît Allemane, le doubleur de Morgan Freeman (que nous avons rencontré, interview à suivre) et Brigitte Lecordier, une habituée du TGS, connue pour avoir donné sa voix à Son Goku, Son Gon Gohan et d’autres personnages de mangas.
Moralité : c’est peut-être une question d’âge, mais en 2013, les stars se font sur YouTube…
Jeremy Bulloch alias Boba Fett sur la scène du Toulouse Game Show.
Une fois la cérémonie terminée, direction le cœur du TGS. Les stands sont nombreux. Impossible de tous les énumérer mais il y en a pour tous les goûts. Il devient de plus en plus difficile de circuler et de s’autoriser à flâner au risque de se faire bousculer. Les allées du salon sont totalement engorgées. Marcher devient difficile. Respirer aussi. Dans le second hall, où se massent les boutiques et autres stands réservés aux associations de cosplayeurs et autres pôles d’animations diverses et variées, ce n’est guère mieux. Le succès, au moins, est total.
Les activités sont légion. On peut se faire masser, s’initier au kendo, manger japonais (la file d’attente est impressionnante), jouer à des jeux-vidéos (la X-Box One est curieusement reléguée sur le parking, où un véhicule emménagé propose plusieurs jeux), boire du thé, admirer des cosplayeurs et les occasions de vider son compte en banque de se faire nombreuses, si tant est que vous soyez attiré par le grand choix de produits dérivés, mangas et autres dvd/blu-ray proposés à la vente.
C’est au fil de nos déambulations que nous tombons sur les potes de Freak AC, le collectif de vidéastes tarnais responsable notamment du délirant Evil Barbecue que nous avions chroniqué il y a quelques mois (ICI). Freak AC qui est ce coup-ci venu présenter Fight the game, son jeu-vidéo de baston old-school à la Mortal Kombat. Équipés d’une grande télévision et d’un poste jouable sur PC, les membres de Freak AC remportent un franc succès et font preuve d’une bonne humeur contagieuse. Les amateurs ne s’y trompent pas et défilent frénétiquement pour jouer à Fight, tandis que les plus doués se voient remettre des cadeaux super classes.
Krypto de Freak AC où comment faire sortir les héros d’un jeux-vidéo de l’écran, pour accueillir le public.
Mais l’heure n’est pas au jeu pour moi. Benoît Allemane, le doubleur de Morgan Freeman m’a donné rencart pour une interview exclusive et vu que je suis bien élevé, je ne compte pas le faire attendre…
Dimanche 1er décembre 2013
9h15 : aujourd’hui, le temps est clément et les températures polaires. Vu l’heure, la circulation dans le salon est beaucoup plus appréciable et c’est promptement que nous rejoignons la conférence de presse prévue avec Kristian Nairn et Jeremy Bulloch.
Conférence de presse pour Hodor et Boba Fett !
Cette édition restera marquée par les annulations de James Cosmo, Gethin Anthony, Daniel Portman et Kenny Baker. Les deux résistants paraissent bien seuls sur les planches de l’estrade prévue à cet effet, face à une assemblée clairsemée de journalistes matinaux.
Nous n’aurons doit qu’à quelques questions. Hodor remporte dans un premier temps tous les suffrages avant que la balance ne s’équilibre, laissant à Boba Fett la parole le temps de quelques anecdotes sur son expérience dans le saga Star Wars.
On retiendra le caractère frileux de l’interprète d’Hodor qui se refuse à trop parler de la saison 4 de Game of Thrones qu’il vient d’achever de tourner. Une journaliste lui demande comment il a obtenu le rôle et s’entend répondre que c’est après avoir échoué au casting de Hot Fuzz qu’il s’est vu rappelé, quatre ans plus tard pour endosser les habits d’Hodor. Il évoque son désir d’en savoir plus sur le personnage et son passé et se prend à espérer qu’un jour, il aura peut-être autre chose à dire que le fameux « Hodor ». Plutôt timide, Kristian Nairn prendra rapidement la tangente après la conférence.
Jeremy Bulloch est plus jovial. Quand je lui demande comment il explique la popularité de Boba Fett, il la joue humble et met son succès sur le compte de son costume. Il évoque aussi son expérience dans la série Doctor Who, en insistant sur la sympathie qu’il a pu éprouver pour le second Docteur, Patrick Troughton, contrairement au premier Docteur, William Hartnell, qui selon lui n’était pas le mec le plus abordable du monde. Doctor Who étant très populaire, Jeremy Bulloch marque des points et en profite pour sortir un peu du cadre strict de Star Wars.
Il parlera aussi de l’épisode VII, en se disant disponible si jamais un rôle de vieux chasseur de prime venait à se créer. Très en forme et complètement dévoué au personnage qui lui ouvrit les portes de la gloire, Bulloch est vraiment une personnalité attachante. Sa disponibilité en fin de conférence en apportera la preuve supplémentaire.
Paradis des cosplayeurs, le TGS accueille à chaque édition un grand nombre de personnes déguisées. On croise des personnages déjà vus à l’édition de printemps, comme Freddy Krueger ou le Khal Drogo, et les héros de mangas et d’anime sont légions. Les filles aux tenues légères aussi, tout comme les militaires armés jusqu’aux dents de flingues en plastique plus vrais que natures. Un phénomène d’ailleurs curieux que ces types qui se radinent habillés en soldat, pour patrouiller comme de vrais militaires, dans les allées du TGS. De vraies escouades patibulaires vont et viennent, mettant parfois en joug de pauvres quidams, dont certains (là aussi ils sont nombreux) hissent bien haut une pancarte Free Hugs dans l’espoir potentiel d’un échange de fluides providentiel en public.
Quoi qu’il en soit, comme mentionné plus haut, certains costumes sont vraiment bluffants. Les photos peuvent en témoigner, tout comme elles traduisent le travail minutieux d’authentiques passionnés, à 100% investis dans la confection de leurs costumes. Après, c’est le jeu, d’autres sont aussi assez ratés, et donc plutôt drôles. Il en faut et c’est ce genre de truc qui contribue aussi à rendre l’ambiance si particulière.
Un Jawa
Au terme de ces deux jours de folie geek, un constat s’impose à moi. Le TGS de printemps me convient davantage. Moins de monde, emplacement plus optimal et cosy… Mais celui-ci reste quand même un événement incontournable. Un rassemblement bon enfant, où règne une entente cordiale jamais démentie. Les organisateurs ont joué de malchance, mais ceux qui n’ont pas annulé leur venue, ont assuré pour la plupart leur part du contrat. Même Bernard Minet a poussé la chansonnette le samedi soir.
Et au final, dans un soucis de contenter le plus grand nombre, le TGS a, contre vents et marées, confirmé sa place souveraine de salon dédié à la culture bis.
@ Gilles Rolland