Alors là! Je suis épatée! Pour deux raisons. Une, que la bonne Ville de Fontaine-les-Dijon accueille en sa galerie municipale une exposition aussi érotique (Ah! Si! Quand même un peu! Je vous assure. Non? Ce n’est pas le terme adéquat?…) Deux, qu’un peintre réussisse à ce point une perfection dans le rendu des chairs, des peaux, des cheveux, des poils… (Jusqu’au 22 décembre, du mercredi au dimanche compris, 15h30-18h30)
On s’en prend plein les yeux dès l’entrée. Plein la gueule, si je veux m’exprimer à la façon Michel Potherat. Et le premier étage de la galerie est tout aussi impressionnant. De grands formats, des personnages nus plus vrais que nature, des yeux bleus qui vous fixent, des visages (portraits) surdimensionnés…
Quel brio, ce Michel Potherat! Une technique irréprochable. Une maîtrise étonnante. Même si quelques autres noms nous viennent à l’esprit, dans le même registre, c’est sûr, il fait partie des grands peintres de notre siècle.
Audacieux, aussi! Un peu provoquant, même. Sexes et caresse sont au programme. Les émotions sont prises sur le vif (ces deux jeunes filles au bord des larmes). La tête décapitée de l’artiste est tenue par la jeune modèle, devant son sexe. Etc…
Reste que la palette de Michel Potherat a du mal à se départir des violines, bleus, roses et mauves. Ce qui transmet un caractère glacial aux scènes. Et ce n’est pas que la couleur… Il y a un côté trop contrôlé qui me gène. Figé, posé, calculé… Finalement, la vraie sensualité me paraît absente. « Peintre de l’intime », « voleur d’âme » dit-on de cet artiste. Pas certaine. Il me semble qu’on reste derrière un écran lisse, qu’on n’entre pas… Même les portraits me sont étrangers. Et pourtant, je connais bien certains modèles. Mais, sans que je me l’explique, ces visages de face, « énormes », ne me révèlent rien de leur âme. Qui est fermé? Eux ou moi?
Bref, on ressort de là perturbés. On repart avec en nous ces regards perdus qui regardent sans voir. Avec ces jeunes gens tristes qui offrent juste leur beauté. Avec ces vieillards (qui ne le sont pas en réalité) au visage labouré par le temps. Avec ces scènes d’amour qui n’en sont pas vraiment. Malaise.
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