Cela ne vous aura pas échappé, les promoteurs de la connerie ambiante se répandent sans vergogne depuis quelques mois et se reconnaissent au gré des plateaux TV, des spectacles, des productions livresques. De Camille Cottin et sa pastille « Connasse » sur Canal +, à Pierre-Emmanuel Barré qui déclare être un « sale con » sur les scènes de café théâtre, en passant par le best-seller des sœurs Girard « La femme est une parfaite connasse » et autres « Kits de survie dans un monde de cons » parus chez J’ai Lu, sans oublier la récente Une du Point dédiée aux « néocons », j’en passe et des moins bons, on voit par là que la Connardie se porte comme un charme.
Une telle dénonciation témoigne à la fois d’un besoin de rire cynique et de lâcher prise, mais aussi d’une soif d’en découdre face à une société où la piétaille des démagos, des réactionnaires et des poujadistes pollue les esprits les plus gaillards. On peut espérer, — sans trop y croire… —, que ce relâchement verbal est l’amorce d’une révolte civile qui n’ose pas dire son nom ; à moins qu’elle ne soit qu’un effet de mode facile de racoleurs médiatiques en mal d’imagination, pâles suiveurs à la petite semaine qui ressassent, mornes « pensoteurs » qui se singent les uns les autres en insultant leurs voisins.
« Constatons aussi, avec mélancolie, que, parmi les milliards d’êtres humains qui se traînèrent à la surface du globe, les inventeurs furent extrêmement rares. Cela ne se remarque pas, car nous utilisons tous, avec aisance, les inventions des autres, » a écrit Henri Roorda en 1923 dans son livre de nouvelles « Le roseau pensotant ». Méditons sur cet insert…
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