Jean-Louis Debré fut un effroyable ministre de l'Intérieur qui comparait les étrangers à des pilleurs de frigos, mais il fut, contre toute attente, un très bon président de l'Assemblée nationale, très respectueux notamment des droits de l'opposition. Peut-être sera-t-il un bon président du Conseil constitutionnel… Il faut de toute façon l'espérer parce que neuf c'est long.
Pour son premier exercice pratique, avant qu'il ait à se prononcer sur les futures réformes promises par Nicolas Sarkozy, dont certaines comme les peines planchers (qui font se retourner dans leurs tombes des générations et des générations de juristes) sont fondamentalement et intrinsèquement anticonstitutionnelles, le président Debré, ses huit sages et son Valéry Giscard d'Estaing (membre de droit de par son statut d'ex-tout mais surtout d'ancien président de la République) ont rendu publiques leurs observations sur la présidentielle 2007. Si dans l'ensemble "le scrutin s'est déroulé dans de très bonnes conditions avec un taux de participation élevé au premier comme au second tour", Jean-Louis Debré précise que "pour autant, le Conseil constitutionnel estime que les conditions dans lesquelles il s'est déroulé appellent, comme pour les précédentes élections, un certain nombre d'observations". Il regrette en particulier la "diffusion prématurée d'indications sur l'issue du scrutin" et souligne qu'au second tour "les sites internet de la presse étrangère francophone ont diffusé des indications sur l'issue du vote à partir de 17h30". A moins que Nicolas Sarkozy, qui se gargarise déjà de son triomphe au G8 durant lequel il pense avoir converti George W Bush à l'écologie (rien que ça !!!), n'impose au reste du monde de respecter les lois françaises aux quatre coins du globe, il y a peu de chances que cela évolue d'ici 2012…
Faisant preuve de réalisme, le Conseil "s'interroge sur le bien-fondé des règles de présentation" et note que. "le nombre de candidats a pu affecter la clarté du débat électoral, notamment dans le cadre de la campagne radiotélévisée, en raison de l'exigence légale d'une stricte égalité entre les candidats". Une fois ce diagnostic posé, on souhaite bien du courage à ceux qui seront chargé de modifier la règle des 500 signatures, qui si elle est dépassée, à au moins le mérite d'exister. Et quand on connaît l'empressement avec lequel les politiques, tous les politiques, accusent les règlementations de de faire le jeu de leurs adversaires, nul doute que quelle que soit la solution retenue, elle fera l'unanimité contre elle…
Le Conseil constitutionnel va maintenant pouvoir se pencher sur les comptes des campagne des candidats, exercice ô combien funky et glamour, mais qui permet de relever de superbes perles et tricheries, comme celles qui avaient coûtés le remboursement d'une partie de ses frais de campagne à Bruno Mégret en 2002.