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Le Folklore national , un patrimoine en péril.

Publié le 01 décembre 2013 par Fouzi53 @fouzi53
Le Folklore national , un patrimoine en péril.

Le bilan de la 48 eme édition du festival National des arts populaires est très éloquent malgré une conjoncture très difficile en termes financiers et cela grâce à une équipe qui a su relever les défis en essayant de faire le plus avec le moins. On ne peut donc que les féliciter pour avoir continué à perpétuer un événement cher aux marrakchis mais également à tous les marocains.

Le Festival National du Folklore a vu le jour le 21 avril 1960 par la volonté de Feu SM le Roi Mohamed V, au lendemain de l’indépendance du pays. Une manière de démontrer l’unicité du Royaume en réunissant toutes ses troupes folkloriques dans un lieu mythique, le palais du Badiâ, jadis demeure du Sultan El Mansour Eddahbi, à Marrakech.

Affiche Festival 64

Depuis, chaque année Marrakech accueille ce festival, premier du genre et certainement le plus ancien. Cette tradition dura jusqu’en 1995, soi 35 ans, portée par les élus et les autorités de la ville avec la participation du Ministère du Tourisme et de l’ONMT et présentant à chaque édition, un plateau d’artistes des différentes régions du Royaume, sous leurs meilleurs angles et dans le but de faire la promotion de cette culture riche en rythmes, sons, costumes, ethnies et dialectes qui font l’identité marocaine et son histoire.

En 1990, l’Association du Grand Atlas prend le relais pour le cadre organisationnel de l’événement et tente tant bien que mal d’assurer une continuité .En 1996 et jusqu’en 1999, pour des raisons inconnues, le festival cessa  de se produire pour le grand regret des amoureux des arts et de la culture. En 2000 naissance d’une co-organisation du CRT et du Grand Atlas avec une nouvelle appellation : Le Festival National Des Arts Populaires ( FNAP ) et ce sur  l’initiative de l’Association du Grand Atlas et son président de l’époque, Le professeur Mohamed Knidiri ancien Ministre de l’éducation Nationale et Recteur de l’Université Cadi Ayad que le festival a été réanimé mais pour deux éditions seulement faute de moyens et surtout faute de mobilisation malgré l’implication des professionnels et un Latif Benseddik pour la promotion auprès des TO et agents de voyages. En 2002, il n’y eut pas de Festival.

Une nouvelle édition en 2003, la 38eme, avec un certain Lahcen Zinoun pour assurer la mise en scène. Il faut dire, que les professionnels du tourisme ont toujours butés sur  le fait que la date de l’événement n’était jamais connue à l’avance, ni de manière régulière pour pouvoir programmer ce festival dans les brochures et en faire la promotion lors des différents salons de tourisme. Aussi,  2003, la décision fut prise de programmer dorénavant le Festival les 1er week end du mois de juillet et ce au moins jusqu’en 2006, afin de coïncider avec les vacances scolaires et la basse saison pour faire bénéficier les nationaux de tarifs attractifs et prolonger la saison pour les touristes.

Le Festival verra aussi la présence de troupes folkloriques étrangères d’Afrique , d’Europe et d’Asie, manière d’internationaliser le Festival. Enfin la notion de parade voit le jour, les troupes se produisent désormais dans la journée aux différentes places de la ville  avec des expositions de peintures et d’artisanat.

Le Festival a désormais un thème chaque année, avec un fil conducteur, une mise en scène, une chorégraphie et une histoire à raconter. Malheureusement,  les finances ne suivent pas, les recettes non plus et encore une fois, il devient problématique pour les organisateurs de boucler leur budget.

En 2007, pour doter le Festival de finances pérennes, fut créée la Fondation des Festivals  de Marrakech avec un budget conséquent pour le FNAP, mais également pour les autres festivals régionaux.

Présidée par Kamal Bensouda, cette Fondation s’est donné pour tache de revoir le contenu du Festival, de le moderniser, d’y inclure les nouveaux styles d’expression tels que le pop art et la musique urbaine , un nouveau marketing etc… un vrai virage dont la 42 édition fut une  réussite sur tout les plans. Un festival ouvert sur toute la ville et gratuit pour toute la population,   plusieurs scènes, un grand directeur artistique, Ahmed Tanjaoui qui avait pour tache de préserver l’authenticité des arts populaires. D’ailleurs, le thème de cette année fut «  Symphonies du patrimoine d’hier et d’aujourd’hui » en trois mouvements : patrimoine ancestral, art chaâbi et musique nouvelle génération plus une fusion des trois.

Ce nouveau format du festival inclue également une nouvelle approche dans la sélection des troupes, avec en amont, une tournée des organisateurs à travers le royaume pour mieux appréhender  les artistes, une sorte de casting  régional.

En 2011 , Karim El Achak prend la présidence de la Fondation et avec elle les destinées du FNAP. Doté d’un budget de plus de 7M de dirhams, le FNAP innove avec la mise en place d’un village du festival, une amélioration de la programmation et surtout un soucis de transmission et de pérennisation de ce patrimoine immatériel que sont les arts populaires plus connus sous le nom de Folklore marocain. Cette ligne de conduite animera la nouvelle équipe tout au long des 46eme et 47eme éditions.

Ainsi, et en marge de la 48eme édition , furent organisées en Avril 2013, une table ronde et une journée nationale sur la « Sauvegarde et la promotion des arts populaires » qui firent entre autres, le diagnostic suivant : La quasi inexistence d’actions de sauvegarde, la problématique de la relève et de la transmission, les contraintes du déplacement des troupes ( Hébergement, restauration,transport), la programmation et surtout le mécénat et le sponsoring.

La question qui se pose avec acuité, est aujourd’hui le devenir de ces arts populaires qui appartiennent à la mémoire nationale voire universelle. Ce patrimoine nécessite une attention particulière non seulement des Marrakchis, mais de tous les marocains pour trouver des solutions pérennes et parer à l’essoufflement du FNAP.

Il y a aujourd’hui deux missions : La sauvegarde du Patrimoine et sa promotion dans une vision commune et cohérente. Il faut encadrer et encourager les modes d’expression traditionnelle au même titre que ce fait la promotion des nouveaux modes d’expression en essayant autant que faire se peut de faire le lien entre les anciennes générations et les nouvelles.

Un projet de plateforme dans le cadre d’une vision d’avenir a été proposé par l’équipe en charge du FNAP : Une institution/Cité des arts populaires qui sera chargée de ces deux missions. Ce projet demande l’adhésion de tous, mais surtout l’implication de tout ce que le Maroc compte en matière de culture vivante en particulier les acteurs que nous sommes.


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