25 décembre. Holly et son mari Eric n'ont pas entendu leur réveil et se sont levés tard. Tatiana, leur fille adoptive de quinze ans, leur en veut. Tandis qu'Eric part chercher ses parents à l'aéroport, Holly prépare le repas de Noël et s'apprête à recevoir ses convives. Mais l'attitude agressive de Tatiana, d'ordinaire enjouée et aimante, l'inquiète. Et la tempête de neige qui paralyse la ville laisse les deux femmes en tête à tête. La tension monte.
Esprit d'hiver est un roman singulier, c'est indéniable, et dont la lecture m'a déroutée. Laura Kasischke signe ici une oeuvre à la construction soignée et au dénouement glaçant mais dont il m'est néanmoins difficile de parler tant je suis partagée quant à mon ressenti. L'intrigue se met en place doucement, sur fond d'un huis-clos angoissant. La neige paralyse tout et dépose sur l'intrigue un voile empesé qui semble figer le temps. Mais si le suspense croît graduellement au diapason de la tension due au comportement de Tatiana, le roman se perd malheureusement en cours de route et le lecteur s'égare dans les souvenirs de Holly. La narration piétine entre passé et présent, entre l'adoption de Tatiana en Sibérie il y a treize ans et le malaise de ce jour de Noël étrange. Au final, peu d'événements ponctuent cette journée et j'ai eu l'impression de relire plusieurs fois les mêmes souvenirs de Holly. Comme si le temps s'était réellement figé et qu'elle était perdue dans son passé. Et si l'idée de redite est intéressante, j'ai trouvé la mise en forme assez lourde et un sentiment de lassitude m'a envahie lors de ma lecture. La galerie de personnages est assez restreinte puisque la narration se centre sur Holly et c'est par son intermédiaire que le lecteur grapille de maigres informations sur les personnages qui gravitent autour d'elle. Holly domine le roman et les autres protagonistes sont relégués à l'arrière-plan, complètement éclipsés par cette femme perdue dans ses pensées et envahie par un malaise. Si sa psychologie est bien esquissée, il n'en demeure pas moins qu'un sentiment de frustration émerge rapidement au fil des pages. Des questions restent en suspens et le lecteur doit se contenter d'un portrait partiel et biaisé d'une femme complexe. Un huis-clos glaçant, une fois le dénouement révélé, aux qualités littéraires indéniables, mais qui n'a pas su me séduire véritablement. C'est bien dommage. D'autres avis : Canel, Clara, Cunéipage, Cynthia, Jérôme, Liliba, Lystig, Nelfe et SvCath.
Je tiens à remercier Oliver et Priceminister pour ce livre reçu dans le cadre des Matchs de la Rentrée littéraire 2013.