Voyons voir. Nous nous étions arrêtés au nouveau chapitre des aventures de la Fille du Feu : un nouveau job de commerciale, un produit Google super sympa à vendre, en télétravail, des collègues adorables. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Sauf qu’à l’usage, le job en question s’est rapidement transformé en l’expérience professionnelle la plus cuisante que j’aie jamais vécue.
Le premier jour, gonflée à bloc, ultra-motivée, je commence à me familiariser avec les outils de travail après une petite séance de formation. Visiblement je comprends vite, ça s’annonce bien. Du moins jusqu’au moment fatidique où je dois passer mon premier appel. A cet instant précis, la boule que j’ai dans le ventre m’envoie un signal d’alarme, celui de la peur. Mais qu’à cela ne tienne, j’ai été embauchée pour ça alors je dois dépasser cette sensation et ne pas me poser de questions.
Rapidement, je constate que mes interlocuteurs – pourtant des professionnels – m’accueillent souvent mal, que je m’empêtre dans mon argumentaire, qu’arriver au ‘oui’ fatidique n’est pas aussi facile que je l’aurais imaginé. En plus, je sais que mon boss m’écoute, ce qui décuple mon stress. Après une première journée éprouvante, le debrief avec lui n’est pas brillant, mais en même temps c’est le premier jour, je me dis que je dois me laisser le temps de la progression.
Le lendemain matin, j’ouvre à peine un oeil que je réalise qu’il va falloir que j’attaque à nouveau et j’ai le ventre qui se tord rien que d’y penser, ce qui est plutôt mauvais signe. Bilan du 2ème jour pas beaucoup plus concluant que le premier mais heureusement, c’est le week-end et même si je n’ai travaillé que deux jours, je suis littéralement épuisée.
Puis arrive le vendredi matin qui a tout changé. Nouveau briefing de formation avec mon boss, où il lâche les mots fatals : ’Tu manques d’agressivité’, ‘N’hésite pas à manipuler les gens pour les faire arriver où tu veux’, ‘Crée l’urgence, raconte-leur un pipeau si il faut’, ‘Tu peux aller au clash pour casser leurs arguments, même si la vente ne se conclue pas, tu t’en fous, tu ne les connais pas’. Après m’avoir asséné ces conseils quasi-militaires, il conclue en me disant que j’ai désormais toutes les clés en main et que c’est à moi de voir si je peux les intégrer ou pas.
A la fin de la conversation, le ventre vrillé, malade, je réalise que je ne vais pas pouvoir faire une journée de plus. Moi la sensible, la foncièrement gentille, la tendre Biancat qui aime tout le monde, je sais que je ne pourrai pas être agressive, ni manipulatrice, et encore moins menteuse, même avec des gens que je ne connais pas et qui m’envoient balader.
Retour à la case départ ? Pas vraiment. Parce qu’avec cette expérience j’ai réalisé une chose fondamentale : qu’on ne peut pas vivre toute une vie à côté de ce qu’on est vraiment, en faisant des métiers qui ne nous ressemblent pas et qui nous rendent malheureux. Que ce projet que j’ai depuis des mois de m’installer en free lance pour écrire, je n’ai plus aucune raison de le différer encore. Et finalement je me rends compte que ce coup de pied monumental que l’Univers vient de me donner était peut-être ce dont j’avais besoin pour me libérer de mes dernières peurs.
Lundi, je vais donc retourner – je vous le donne en mille ^^ – chez mon ami Paul Emploi, pour tourner définitivement une page, en ouvrir une nouvelle et profiter de cette nouvelle liberté que m’ont apporté ces Hunger Games de l’emploi, que j’estime avoir largement remportés.