Masterpiece, diffusée sur la Rai en prime le 17 novembre dernier, promet un tirage à 100 000 exemplaires au vainqueur…
Quelque 5000 manuscrits ont été envoyés en un mois à la Rai qui a retenu 70 candidats avec des profils très différents: un adolescent, un serveur, un handicapé, une ouvrière, un retraité, etc. Chaque écrivain en herbe sera d’abord interrogé sur son projet de roman par un jury, composé des écrivains Giancarlo De Cataldo, auteur de Romanzo criminale, Andrea de Carlo et Taiye Selasi. Chaque émission inclura une « épreuve en immersion » -une soirée dansante avec des anciens, un mariage-, expérience que les candidats seront chargés ensuite de retranscrire.
Extrait de présentation de Masterpiece, document RAI3
Des textes écrits en direct, un « confessionnal » et le vote du public
Les textes, écrits en direct, seront visibles par les téléspectateurs au fur et à mesure de leur composition. Et comme dans tout « talent show » qui se respecte, une salle du « confessionnal » permettra aux aspirants écrivains d’exprimer leurs angoisses, sans oublier le « repêchage » des candidats par le public ou par le jury, jusqu’à la finale prévue fin février. Le vainqueur de Masterpiece verra son roman publié en mai 2014 par la maison d’édition Bompiani.
Une téléréalité pour les écrivains, qu’est-ce que ça veut dire pour le métier d’écrivain ?
La téléréalité n’est justement pas le reflet de la réalité : les candidats choisis en sont probablement à leur premier roman et n’en feront pas d’autre. A l’instar des Loana et autres Nabila, ils surferont sur la vague du premier succès mais n’auront pas plus chance qu’un autre de perdurer, encore moins de se « bonifier » ; la notoriété télévisuelle étant volatile et soluble dans l’épaisseur du temps.
De plus, on n’apprend pas à devenir écrivain grâce à la télévision et aux seuls votes du public, en l’espace de quelques heures de tournage. Tout au plus y teste-t-on sa popularité mais au prix de quels sacrifices intimes ?
Enfin et surtout, considérant que la téléréalité fait son lit sur la misère sociale et intellectuelle du monde, on s’interroge sur la naissance d’une telle émission autour de l’écriture. Tous les « arts » vivants (danse, musique, théâtre et chanson) avaient déjà été sacrifiés à cette grande braderie des âmes des artistes. On sait ce que représente d’heures de travail ces métiers et la fausse image qu’en donne la télé, temple du jetable. A présent, c’est au tour de l’écriture. Dont acte.
L’info : Seulement 46% des Italiens ont déclaré avoir lu au moins un livre sur toute l’année 2012. Source : L’express.
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