Genre : Drame psychologique, thriller
Année : 2000
Durée : 1H30 (Interdit aux moins de 12 ans)
L’histoire : Michael Hollway un ancien junkie trouve un boulot nocturne dans une petite station. La nuit il doit faire face à toute sorte d’individus étranges et dangereux. Une nuit Michael rencontre Stuart Chappell un homme énigmatique et charismatique avec qui il sympathise. Stuart lui propose alors de l’emmener en virée dans les coins les plus glauques du Los Angeles nocturne.
La Critique de Vince12 :
Shadow Hours d’Isaac H Eaton fait partie de ses films au potentiel énorme mais qui ont un cruel manque de moyens, de liberté et par la même d’ambition. Non pas que le film soit nul, loin de là il est même plutôt pas mal foutu mais on aurait pu en tirer beaucoup mieux.
En réalité Shadow Hours s’est fait descendre par une bonne partie de la critique. Pour autant lorsque j’ai découvert le film il m’a semblé que certains s’emballaient un poil vite. Certes une fois encore Shadow Hours aurait pu être beaucoup mieux mais son débat a l’avantage de susciter l’intérêt.
Attention SPOILERS
A Los Angeles Michael Holloway est un ancien junkie. Pour repartir dans une nouvelle vie avec sa petite amie enceinte, il décide de trouver un emploi. Insomniaque, il accepte le poste de gardien de nuit dans une petite station.
C’est un boulot difficile car la nuit, un autre monde se réveille, étrange et terrifiant. Michael doit faire face à tout type d’individus. Il fait alors la connaissance de Stuart Chappell un homme riche, cultivé et hypnotique qui prétend que Michael est le sosie de son frère.
Stuart revient souvent voir Michael et ils se lient d’amitié. Pire Michael semble fasciné par Stuart. Ce dernier qui se dit écrivain affirme avoir découvert dans cette ville des endroits « qui feraient passer l’enfer de Dante pour une ballade de Winnie l’ourson ». Stuart qui écrit un nouveau livre veut étudier ces endroits. Michael finit par accepter de le suivre dans ses virées nocturnes. Stuart l’amène dans un véritable trip glauque….
Nous sommes en l’an 2000 soit un an après la sortie de Fight Club de David Fincher qui fait l’effet d’une bombe et influence bon nombre de cinéastes. C’est notamment le cas d’Isaac H Eaton avec Shadow Hours. Clairement on retrouve ici des composantes du film de Fincher, le jeune paumé insomniaque (on peut aussi penser à Taxi Driver) qui rencontre un étrange personnage qui lui fait remettre en cause sa philosophie et l’entraîne dans une quête pour se retrouver (Stuart Chappell étant une sorte de Tyler Durden mais au style différent). On notera aussi que Shadow Hours met à un moment en scène un club de combat clandestin. Pour autant la comparaison s’arrête ici. Car en réalité les 2 films n’ont pas le même débat. Fight Club nous parlait d’une société de consommation omniprésente qui déshumanise l’être humain. La vie et l’humanité ne pouvant que se retrouver à travers les instincts primitifs, la violence, la douleur. Le personnage finissait également par opter pour une attitude anarchiste et anti consumériste. Shadow Hours pour sa part se décide d’aller encore plus loin dans son débat. Ici ce n’est plus uniquement dans la douleur et le combat que l’homme retrouve ses sens mais dans le glauque, le malsain, le pervers et la cruauté. Ainsi le film nous présente une cité plutôt propre de jour mais qui dévoile sa vraie nature la nuit tombée. Eaton s’interroge sur la raison d’exister de l’homme.
Le débat est vraiment intéressant et nous y reviendrons plus tard dans la chronique. Cependant un tel débat se doit d’être accompagné d’une réalisation exemplaire. C’est plus ou moins le cas mais clairement Shadow Hours souffre d’être un film assez formaté produit avec peu de moyen et surtout destiné au DVD et non au cinéma. C’est dommage car il y’avait un énorme potentiel. De plus Shadow Hours doit aussi se plier aux conventions établies et ne pas aller trop loin. La réalisation et la mise en scène sont donc bien gérées mais rien d’exceptionnel loin de là. Cependant le film peut s’appuyer sur une bonne BO.
Shadow Hours s’appuie aussi sur un casting assez inégal. Balthazar Getty (sorte de sosie de Charlie Sheen) n’est pas toujours convaincant dans le rôle de Michael. On note cependant un second rôle remarqué pour Brad Dourif. Cependant la palme revient à Peter Weller qui est vraiment excellent dans le rôle de Stuart Chappell. C’est simple on peut dire que l’acteur tient le film sur ses épaules. Weller n’a pas fait que du bon dans sa carrière mais il signe ici une performance remarquable conférant à Stuart tout con charisme et sa personnalité.
Pour en revenir au fond, Shadow Hours nous parle donc d’un monde aseptisé où pour retrouver la vie l’homme doit flirter avec ses facettes les plus obscures. C’est donc dans le glauque, le morbide et le malsain que Michael trouve momentanément sa raison de vivre. Quelque part on peut aussi voir ce trip ténébreux et morbide comme un voyage initiatique pour découvrir sa personnalité mais aussi comme un moyen d’échapper aux contraintes du boulot. Michael trouve la paix et oublie tous ses soucis du à son nouvel emploi purgeant son stress et son mal être dans les virées nocturnes. Quelque part cela lui permet de relativiser son sort, de mieux affronter la vie et le « monde réel » celui du jour, et d’assouvir ses pulsions dans le « monde des fantasmes » la nuit. Vous l’aurez compris le débat de Shadow Hours est fascinant et a même une vocation sociale. Une fois encore c’est l’existence de l’individu dans la société dont on parle. Cependant le film bien qu’étant correct aurait pu prétendre à beaucoup mieux le film souffrant de plusieurs défauts.
Manque d’ambition, de moyens, de meilleur réalisateur et restrictions de la production. Sans quoi Shadow Hours aurait pu être un pur OFNI. En ce sens le film est décevant mais il est bien rythmé et le débat (bien qu’une fois encore pas assez poussé) ainsi que la prestation de Peter Weller font de Shadow Hours un bon film à voir qui s’est fait injustement défoncé par la critique.
Note : 14,5/20