Réalisé par Nick Hurran et écrit par Steven Moffat.
Synopsis : En 2013, quelque chose de terrible se réveille dans le London's National Gallery, en 1562, un complot meurtrier est en mouvement dans l'Angleterre Elizabethenne, et quelque part dans l'espace, une ancienne bataille atteint sa conclusion dévastatrice. Toute la réalité est jalonnée par le dangereux passé du Docteur revenu pour le hanter.
spoilers !
Le tant attendu épisode anniversaire est enfin arrivé et avec lui un taux d'excitation qui a atteint de sommet de mon côté. Il faut dire aussi que l'attente a été longue et que la fin de saison sept était déjà chargée en émotion, nous dévoilant un des visages du Docteur jamais vu auparavant. L'internet n'a pas mit longtemps à déduire que ce nouveau (?) Docteur était en réalité le War!Docteur, celui qui a causé la fin de la Guerre du Temps et donc la réincarnation entre Eight (McGann) et Nine (Eccleston). Pas vraiment de surprise de mon côté, car c'était ce que j'avais déduit en regardant l'épisode il y a déjà plusieurs mois. Même si l'histoire ne m'a pas surprise, l'exécution est magistrale, et je peux déjà dire que cet épisode est probablement un de mes préféré pour son originalité et surtout l'importance colossale de l'intrigue dans le grand œuvre de la série.
Je n'ai pas forcément envie de revenir sur les polémiques autour de l'absence d'Eccleston, il y a déjà assez de batailles sur internet. J'aimerais cependant dire que selon moi, l'absence de Nine est une bonne chose pour l'histoire de l'épisode. J'ai du mal à voir comment la rencontre entre lui et sa régénération précédente, qu'il a enfouit au fond de sa mémoire, qu'il déteste au point de lui enlever le nom du Docteur, aurait pu se passer sans se retrouver avec un épisode confus et très noir. Les personnalités de Ten et Eleven sont bien plus intéressantes car il y a déjà ce détachement, où Nine n'a que colère. Je me suis longtemps demandé si utiliser McGann à la place de Hurt et ne pas créer un Docteur sortit de nulle part n'aurait pas été mieux, et plus je le retourne dans ma tête plus je pense que Moffat a prit la bonne décision. Premièrement, le mini-épisode The Night of The Doctor était vraiment sympa (même si trop court pour un évènement aussi important) et a donné l'occasion à McGann de briller. Deuxièmement, cela aurait enlevé toute la notion du nom du Docteur, cette appellation enlevée à celui qui a déclenché le Moment. Utiliser Eight aurait amputé l'épisode de toute sa profondeur et de l'exploration de ce que pense le Docteur de lui même. J'ai envie de féliciter Moffat de cette brillante idée car en plus de nous offrir John Hurt, il nous explique clairement que le nom du Docteur, il faut le mériter pour l'avoir.
Le gros de l'intrigue c'est bien entendu la Guerre du Temps. Audacieux de la part de Moffat de revisiter un des piliers de la nouvelle série, créé par Russell T Davies et surtout situé hors écran depuis le départ. On avait se postulat lors de la reprise, cette immense guerre remplie d'horreurs et de violence à laquelle le Docteur avait mit fin en sacrifiant son peuple dans la foulée. Moffat nous offre un aperçu de cette guerre via la Chute d'Arcadia, le dernier bastion des Seigneurs du Temps sur Gallifrey. Sans pour autant épuiser le sujet de la Guerre du Temps, on a des images à poser dessus et je trouve ça génial. Cela permet de remettre les Seigneurs du Temps sur le tapis et d'étendre les possibilités futures en terme d'intrigues. Le cliffhanger est clairement là pour nous faire comprendre que Gallifrey reviendra, reste à savoir si cela sera lors de la huitième saison (ce que je désapprouve) ou dans le futur plus large de la série sous un autre showrunner. Je n'ai pas spécialement été perturbé par l'intrigue secondaire avec les Zygons, bien au contraire. Je pense que l'intrigue sur la Guerre du Temps s'adressait aux fans plus âgés tandis que les Zygons au plus jeunes, rendant l'épisode très complet pour tous les publics et tous les niveaux d'attentes. Il y a de la tension et de l'humour dans les deux histoires et le fait que l'une et l'autre s'entraident jusqu'à la fin est très bien.
L'utilisation de John Hurt en tant que War!Docteur était fantastique. Je m'attendais à un Docteur violent, en colère et c'est en réalité un homme torturé, accablé par un fardeau bien trop lourd à porter pour un seul homme. L'idée que le War!Docteur a combattu pendant plusieurs décennies (on le voit jeune dans The Night Of The Doctor) explique cette fatigue, cette résignation. Il ne reste plus qu'une solution : le Moment. Le retour du Bad Wolf était quelque chose que j'attendais avec impatience. Je ne me suis jamais remit du départ de Rose (même si Clara est en train de combler ce vide) et revoir Bille Piper est toujours un régal. J'aime beaucoup que ce ne soit justement pas Rose - pas vraiment en tout cas - qui soit présente dans l'épisode mais son alter-ego, le Bad Wolf, le Grand Méchant Loup. Le Bad Wolf est une des pépites de la première saison et le double épisode l'utilisant est tout en haut de ma liste de mes épisodes préférés. Comme on l'apprenait alors, Rose - possédée par le vortex du temps - se disperse à travers le temps et l'espace pour se permettre à elle même de venir sauver le Docteur. Pas étonnant alors de voir que le Moment, prend la forme de Rose pour interagir avec le Docteur lorsqu'il a besoin plus que jamais d'être sauvé. Habile et permet de ne pas se retrouver avec un problème de continuité majeur.
Côté personnages on se régale et j'ai retrouvé Ten avec un énorme plaisir, même si j'ai eut du mal a le considérer comme au centre de l'histoire. Il est clair que c'est l'histoire du War!Docteur, pourtant c'est Eleven qui parvient a voler la vedette. Je suis toujours plus impressionné par le jeu d'acteur de Matt Smith qui égale à mes yeux celui des autres Docteur. Je trouve sa version du Docteur beaucoup plus profonde et légèrement schizophrénique, jouant sur l'enfantin puis sautant sans prévenir à une noirceur inattendue. Même si John Hurt est un acteur fantastique, Smith m'a de nouveau fait très plaisir. J'ai beaucoup aimé que Clara parvienne a faire partie de l'aventure sans être reléguée en second plan. Après le final de la saison sept, on sait que Clara - ou en tout cas des versions d'elle - on connu tous les Docteurs et que son voyage à l'intérieur de la cicatrice de lumière lui a permit de comprendre tout ça (et d'entrevoir les visages de tous). Le seul qu'elle ne connait pas c'est le War!Docteur et j'ai du coup apprécié cette connexion fugace entre les deux. Une fois de plus, Clara est celle qui sauve le Docteur, elle l'empêche de commettre un génocide et même si il ne s'en souviendra pas, il a quand même été sauvé. C'est brillant.
J'ai envie d'arrêter là. Même si on pourrait parler de cet épisode pendant des heures, je pense avoir donné mon avis dessus de façon assez complète. J'ai adoré l'épisode, mon seul regret aura été de ne pas avoir pu le voir au cinéma comme nos amis d'outre-manche, mais cela n'a rien enlevé de mon plaisir au final. L'épisode est très bon, ce qu'il faut d'épique, ce qu'il faut d'amusant, avec une grosse dose de Docteur(s) et une réalisation impeccable. En prime, un aperçu des yeux de Thirteen qui donnent vraiment envie de voir ce que Capaldi nous réserve. Je suis complètement optimiste quant à la suite de la série et je pense que depuis la saison sept, Moffat a réussit a redresser la barre et nous propose quelque chose de bien plus réfléchi qu'auparavant.