photo : Cyril Pariaud / Bong Project
Manon Bonnes est la voix de Maycad, instrument parmi les instruments virtuoses d’un groupe né en 2009 sous le regard de Garlaban et qui fait aujourd’hui partie des 8 groupes sélectionnés pour un tour en région par le réseau Trema qui rassemble des professionnels de la filière Musiques Actuelles. Pour la première fois, Manon se livre et nous livre ses impressions sur Aubagne et les rencontres qui ont jalonné son parcours artistique.
« Aubagne, Ville où j’ai grandi, rencontré, appris. Je suis née à La Ciotat, et jusqu’à quelques années en arrière, j’ai toujours vécu à Lascours. J’ai fait mon collège à Roquevaire. Aubagne était pour moi, à cette époque, « La Grande Ville », l’inconnu, le cœur de l’action quoi ! Et puis vint le moment du lycée, Joliot-Curie. Et là, la découverte. Des rencontres, des personnes qui me ressemblent, que je comprends enfin. Et surtout, une prise de conscience : la musique ne se fait pas qu’à la maison. La musique se fait en communauté.
Et puis Aubagne, ville de musique. Musique dans la rue, musique dans les salles. Enfin, ça bouge, ça chante, ça danse…. Ça joue ! J’ai donc eu deux amours à Aubagne : la musique et le théâtre.
D’abord le théâtre, une troupe, des personnes qui sont aujourd’hui devenues mes amies, une compagnie : Art’Euro. Je lui dois mes voyages, découvertes, belles rencontres, éphémères et d’autant plus fortes à travers des projets européens. Mais il y a surtout une chose que je lui dois, à Teresa, Terry, la « Mama »… : chanter. L’élément déclencheur.
Aubagne se soucie réellement de ses habitants
Et puis j’ai découvert la MJC-l’Escale au lycée (notamment lorsque Fred Plicque faisait des excursions à Avignon pour le festival), j’y ai vu beaucoup de concerts assez marquants, et le lieu étant riche de propositions, d’actions et de découvertes, j’ai décidé d’y être administratrice et de tenir le bar lors des concerts, histoire d’en voir toujours plus. Ce lieu m’a permis de monter des projets musicaux, comme Maycad, qui a su perdurer avec les années grâce à l’accompagnement que l’on nous a témoigné.
Bref, ces années-là furent les plus belles. Puis, avec le temps, je me suis détournée d’Aubagne-village, où tout le monde se connaît, tout le monde sait tout sur tout le monde, j’ai opté pour Marseille, la belle, l’intrépide, avec une soif de découvertes de nouveaux lieux, de nouvelles ambiances. J’ai trouvé un boulot d’ouvreuse, dans un théâtre.
Je n’ai pas regretté, mais j’ai tout de même fait ce constat : Marseille est belle, certes, mais Aubagne se soucie réellement de ses habitants. Aucun (ou très peu) spectacle de rue à Marseille, les lieux sympas ferment les uns après les autres, et on y tourne en rond. Alors je redescends régulièrement à Aubagne, pour voir Chaud Dehors, Danse en Avril, les concerts de l’Escale. Parce que je ne retrouve rien de tel là où je suis.
Je n’écris pas dans un but démagogique, je me contente de témoigner sur mes expériences à Aubagne, ce que cette ville apporte aux riverains. Et on ne peut pas le nier, la culture y est décidément portée sur un piédestal ».