Je lis dans la presse narbonnaise que l’association « Anticor 11 », présidée par Jean Marc Alric, propose à la signature de tous les candidats aux prochaines élections municipales de Narbonne une « charte éthique »; une démarche engagée au niveau national par toutes les associations locales labellisées par « Anticor », leur maison mère . On ne peut donc reprocher à ce seul président cette initiative . C’est donc sur un plan plus général que j’entends en contester ses présupposés et principes éthiques, justement ; en courant le risque de me faire traiter d’éternel rabat joie ou d’incorrigible donneur de leçon … La première raison qui me viens spontanément à l’esprit est que la signature de cette « Charte éthique » placerait , de fait, ses signataires en position de présumés coupables de corruption ; ce qui, à mon sens en tout cas , constitue une atteinte implicite, et à priori, grave et infondée, à la dignité, comme à la probité d’élus dont l’immense majorité d’entre eux exercent leur mandat dans la stricte légalité. Une présomption de corruption qui, de surcroît, court hélas les réseaux sociaux et les bistrots et qui , par les temps mauvais qui courent, alimente des pulsions et des passions peu propices à des comportements et des choix électoraux… raisonnés. La deuxième tient au fait que le contenu de cette charte déborde largement le cadre de la loi et installe , de fait , cette « association » en situation de contraindre l’action des élus et d’ainsi exercer un véritable contrôle d’opportunité sur leurs décisions ; alors même que ce contrôle relève du seul pouvoir des représentants de l’Etat. Enfin et surtout, une « association », quelles que soient ses motivations, ne peut s’autodésigner ( au nom de quel magistère moral ? ) en centre de « tri » éthique quasi officiel afin de départager les candidats à la direction des affaires municipales entre ceux qui seraient « éthiquement corrects » et ceux qui ne le seraient pas ; en démocratie ce jugement n'appartient en effet qu'aux seuls électeurs, libres et informés sur les personnes et les programmes présentés à leurs suffrages. J’ajoute enfin, pour terminer, que ce genre d’initiative pousse paradoxalement à une forme d’hypocrisie généralisée en cela qu’elle peut amener tous les candidats à signer ce genre de « charte », sans qu’aucune garantie ne contraigne le vainqueur à l’appliquer; et les vaincus d’avoir dans leur opposition un comportement et « une parole » éthiquement irréprochables… Pour toutes ces raisons, qui peuvent ne pas être les leurs, mais peu importe, je comprendrais mal qu’un maire sortant ou un candidat à sa succession signent un tel document…