On sait qu’une sensibilité exacerbée aux aspects gratifiants de la nourriture est un facteur important de troubles du comportement alimentaire (TCA), tels que les crises de boulimie. Cette sensibilité a déjà été associée au circuit de la dopamine et de la récompense dans le cerveau. Avant cette étude, de précédentes recherches ont identifié le rôle clé de plusieurs gènes dont le gène DRD4, appelé gène de la dopamine et dont certaines variations semblent associées à une augmentation de l’apport alimentaire et de l’obésité, en particulier chez les femmes.
Les chercheurs de plusieurs universités canadiennes, du Brésil, de la Brown University (US) et d’un institut de Singapour ont étudié une variante du gène DRD4 et regardé comment cette variante augmentait leur plaisir à consommer certains aliments. Leur étude a porté sur 150 enfants âgés de 4 ans -participant à une cohorte canadienne qui suit les enfants de la naissance jusqu’à 10 ans- qui ont reçu une collation avec le choix entre différents types d’aliments. Leurs mères ont également renseigné par questionnaire les types d’aliments consommés habituellement. Les chercheurs ont prélevé des échantillons de salive des enfants, en ont extrait l’ADN pour tester la variation. Ils ont également relevé l’IMC des enfants.
Les chercheurs ont ensuite examiné la relation entre la présence de la variation génétique « 7R » du gène DRD4, le sexe de l’enfant et leur consommation alimentaire.
L’analyse constate que les filles porteuses de cette variante du gène consomment volontiers plus de graisse, de protéines et d’aliments sucrés. Leurs journaux alimentaires avaient également suggéré que ces porteurs de la variante consommaient plus de glace et moins de légumes, d’œufs, de noix, de pain et de grains entiers. Précisément,
-les garçons consomment plus de calories que les filles,
-les filles porteuses de la variation génétique 7R consomment plus, au repas test, de matières grasses et de protéines que les filles non-porteuses,
-et, sur la base des journaux alimentaires, plus de crème glacée et moins de légumes, œufs, noix et pain complet.
La variation « 7R » de DRD4 est bien associée à une préférence alimentaire dès l’âge de 4 ans et chez les filles, mais la poursuite du suivi de ces enfants devra confirmer ces résultats.
Certes, le comportement alimentaire des enfants est influencé par de très nombreux facteurs environnementaux –comme l’éducation, l’influence des parents ou le milieu sociodémographique-, génétiques, et neurologiques et l’étude ne démontre pas la relation de cause à effet. Cependant, elle associé de manière significative, et chez les filles seulement, cette variante génétique à l’appétence pour certains aliments gras et sucrés. C’est donc une piste supplémentaire à suivre pour mieux comprendre et freiner le développement de l’obésité.
Une récente étude démontrait que l’obésité altère la perception des goûts, mais peut-être est-ce le contraire ?
Source: Appetite October 20 2013 doi.org/10.1016/j.appet.2013.10.004Association between the seven-repeat allele of the dopamine-4 receptor gene (DRD4) and spontaneous food intake in pre-school children (Visuel © Oksana Kuzmina – Fotolia.com)
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Obésité de l’enfant (1/6)
Troubles du comportement alimentaire