Maori (T1)

L’issue d’une enquête criminelle mêlant complots politiques et conflit d’intérêts, est entre les mains d’un seul homme, Jack Kenu…

Scénario de Caryl Férey, dessins de Giuseppe Camuncoli

Public conseillé : Grand Adolescent, adulte, plutôt masculin

Style : Aventure historique Paru chez Ankama, le 10 octobre 2013

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L’histoire

Jack Kenu est un inspecteur de police Maori, cela fait sept ans qu’il vit seul à Auckland depuis le départ de sa femme. C’est le meurtre d’une jeune femme retrouvée sur la plage du petit village de Piha qui va le sortir de son isolement. Cette femme assassinée se trouve être Sandra Witkaire, la fille du député Pita Witkaire, un candidat aux élections présidentielles de la Nouvelle Zélande, qui fait polémique avec son programme social sur « la voie humaine ». Un mode de pensée basé sur la culture Maori. Une utopie pour beaucoup… Le meurtre de Sandra lèvera le voile sur un possible complot politique.

Ce que j’en pense

Le passage du roman a la BD a été un coup gagnant pour Caryl Férey. Il reprend les thèmes de ses précédents récits et utilise un style narratif qui oscille entre un dialogue à la première personne et une narration extérieure. Si ce procédé engendre parfois une confusion dans l’enchaînement des dialogues, il a l’avantage de créer un fil conducteur cohérent et de faciliter la compréhension des émotions des protagonistes. Le découpage des planches et les points de vue empruntés au cinéma, sont également très efficaces.

Un contexte politique tendu

Nous sommes en 2010 et la crise mondiale offre un avenir bien sombre pour le pays. La venue de Pita Witkaire, candidat controversé aux idées utopiques, a de quoi agacer, mais comme il le dit si bien : « L’utopie est la vérité de demain ». Ses idées novatrices pour les médias et la population, semblent pourtant si évidentes. La campagne électorale prendra une tournure bien noire lorsque le pays apprendra la mort de la fille du candidat Maori. Rien n’est dévoilé, mais il se pourrait que ce meurtre ne soit pas arrivé par hasard… C’est dans cet univers que va évoluer le personnage principal, Jack Kenu, qui n’en a pourtant absolument rien à faire de ces conflits politiques. Malgré ses manières brutales à la « Inspecteur Harry », Jack, est attachant. Et son visage, bien que fermé, laisse transparaître des émotions qui se dévoilent au fil de l’histoire. Notamment lorsque l’on en apprend davantage sur sa vie privée. Derrière cet inspecteur à l’allure de super héros, se cache un homme sensible et parfois au bord de la dépression. Tout nous pousse à croire que l’ex femme de Jack (apparue brièvement pendant l’enquête) tiendra un rôle plus important dans le tome deux, à suivre…

Le dessin ?

Le dessin est propre et dynamique. Le style « comics » un peu lâché de Giuseppe Camuncoli fait son petit effet, avec ces fameux visages de héros un peu classiques dans le genre, mais qui ne sont pas pour me déplaire. Le coloriste Stephane Richard à également très bien rendu les ambiances, avec une technique d’aquarelle informatique de toute beauté. Mention spéciale pour les paysages crépusculaires qui sont l’une des signatures de cet album. Le rendu final est très bien dosé esthétiquement parlant. La seule critique que j’apporterai se trouve sur la page de couverture : le nom des auteurs est beaucoup trop grand et prend trop de place…

Pour résumer

« Maori » est un album de très bonne facture autant dans le scénario que dans le dessin. Les 64 pages se lisent très vite, en raison des enchaînements de plans dynamiques et cinématographiques. Caryl Ferey maîtrise le polar à suspens et cela se ressent dans son adaptation BD. Les personnages vivent sous le dessin de Camuncoli, en particulier le personnage principal qui a une personnalité très bien marquée, en dépit de la rudesse de son faciès. Bravo au dessinateur pour cette prouesse!
Je tiens aussi à noter que le produit en lui même est d’une grande qualité. Donc bravo aux auteurs, mais aussi à l’éditeur Ankama. J’ai hâte d’avoir le tome deux entre les mains !