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Sémiotique: sens et interprétation

Publié le 29 novembre 2013 par Dadasou

L'interprétation

est, nous en sommes tous convaincus, au cœur des sciences humaines et même de toute activité sémiotique de l'être humain. C'est donc un sujet qui semble accessible à tout le monde et qui ne laisse indifférent personne. Mais cette familiarité avec le sujet ne doit pas détourner notre vigilance sur la complexité de la question de l' interprétation et des facteurs tant internes qu'externes qui travaillent et commandent nombre de discours qui se tiennent sur et autour d'elle. Notre rapport à l'interprétation et au sens en général a été marqué par la modernité : le capitalisme triomphant où la loi du marché règne en maître absolu et où tout se vend, le sens comme le non sens ; - ce dernier semble plus rentable et plus générateur de plus-values-, la crise des représentations où les repères et les frontières sont constamment poussés ou pervertis, la montée des extrémismes.-.Etc. Mais l'activité de l'interprétation a changé aussi grâce à des facteurs internes, c'est-à-dire grâce au développement des idées issues de son propre champ.

Après plusieurs décennies de déconstruction , après le développement de ce qui est appelé la pensée faible, après plusieurs tours de forces herméneutiques exercés sur certains concepts clefs de la pensée de Peirce, avec le développement du cognitivisme.-.etc. Bref, après une intense activité interprétative sur l'interprétation même, le discours sur {'interprétation et sur le sens a changé. En même temps un autre discours sur l'interprétation tenait tête et organisait sa résistance face au premier. De nombreuses voix s'étaient élevées à la fin du siècle dernier et au début de celui ci pour- rappeler la nécessité d'une réflexion et d'une limite au sens et à l'interprétation, Umberto Eco, George Steiner. et récemment Nôth pour ne citer qu'

Sémiotique: sens et interprétation
eux.

La récente crise financière vient de nous démontrer et de façon douloureusement convaincante que l'on ne peut pas interpréter comme on veut et que certains domaines, même ceux du tout puissant champ de la finance doivent se fixer des limites et prendre en considération la réalité extérieure. La présence de limites pour l'interprétation semble être dictées plus par des impératifs de survie que par des soucis éthiques. La défense du sens est ce qui permet à l'espèce de survivre dans un univers sémiotique de plus en plus saturé et de plus en plus chaotique. Mais cette tâche n'est pas facilitée par les réalités virtuelles, le non sens, la crise de représentations et l'état d'un monde où le non sens, le délire, l'hypertexte sont de plus en plus présents. Chacune des communications publiées dans ce volume aborde les mêmes questions, mais sous un angle et en référence à un matériel différents. L'activité est la même, mais les problèmes théoriques et la façon de procéder sont différentes.

L'exégète du texte sacré n'a pas la même approche que celui des textes profanes, celui du document historique ou de la donne géographique non plus et encore moins dans d'autres branches des sciences humaines. Ces actes réunissent plusieurs approches du sens ; le premier but est donc de faire connaissance avec diverses interprétations et diverses expériences du sens ; le second but est de susciter des questions sur la pertinence d'une action et de ses modalités d'exécution face à la montée du non sens et face aux dérives interprétatives constatées dans certains domaines. Il y a là un défi qui nous attend en tant qu'enseignants des humanités, mais il y a là aussi alternative entre la nécessite d'inscrire une vraie philosophie de l'action au sein de nos réflexions et de nos discours sur J interprétation ou continuer à exercer notre activité sans trop nous soucier du monde.


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