Le zen avoue un but : la paix intérieure (C’est, depuis les Grecs, le but de la philosophie). Le zen, à cette fin, propose un exercice : la pratique méditative sans objet (Zazen). Hui-Neng, maître T’Chan (6ème Siècle), précise le but de la pratique méditative sans objet : « Le calme et la sagesse sont les fondements de ma méthode. Avant tout, ne tombez pas dans l'erreur de croire que ce sont deux choses différentes. C'est une seule et même substance, et non deux. Le calme est la substance de la sagesse, et la sagesse est le fondement du calme. Chaque fois que fonctionne la sagesse, le calme est en elle. Chaque fois que le calme fonctionne, en lui est la sagesse ».
Mais aujourd’hui, vingt siècles plus tard et après trois cent ans de conditionnement à une pensée objective, avons-nous des preuves scientifiques qui garantissent les effets de la pratique méditative ?
Utilisant l’électroencéphalographie, une équipe de chercheurs du Wisconsin a détecté une très forte augmentation des ondes à haute fréquence gamma dans le cerveau de moines zen qui méditent régulièrement (Quel dommage pour Hui-Neng, Dogen ou Hakuin d’avoir vécu à une époque où il n’était pas encore possible d’être électroencéphalographié ou IRMisé !).
La sagesse, le calme, n’ont pas besoin de preuves ; la sagesse, le calme, ont besoin de témoins. « Si tu désires savoir si un homme est un sage, il suffit de poser la question à son épouse ... ! » me disait Arnaud Desjardins. C’est par sa manière d’être, sa façon d’être là, que l’être humain témoigne s’il est agité, stressé, méfiant, inquiet ou s’il vit dans cette qualité d’être appelée la paix intérieure. Le calme, la sérénité, la paix de l’âme sont des qualités d’être qui n’ont pas besoin de la pensée, pas besoin du raisonnement, pas besoin de l’analyse biochimique ou de l’imagerie médicale.
Les progrès, dans tous les domaines de la science, m’intéressent. Et, à l’occasion de divers problèmes de santé, j’ai bénéficié de cet élargissement du savoir mis en application par la médecine expérimentale.
Mais il serait sage de na pas amalgamer savoir et sagesse.
A la question que lui pose Dürckheim « Quelle est pour vous la différence entre le savoir et la sagesse ? », Daisetz Teitero Suzuki répond : « Le savoir regarde au dehors ; la sagesse regarde en dedans ». Puis il ajoute « Mais, si vous regardez dedans comme vous regardez dehors, vous faites du dedans... un dehors » !
Sagesse ? Savoir ? Sans doute avons-nous besoin des deux ! Comme nous avons besoin de l’inspire et de l’expire ; mais si vous mélangez les deux, vous risquez de vous étouffer.
Jacques Castermane