J’ai voulu en savoir un peu plus sur cet énième Parti qu’on nous présente comme nouveau et forcément plus moderne que les autres, qui prétend une fois de plus révolutionner la gauche, et faire du neuf sur du vieux. Il s’intitule Nouvelle Donne, d’où le jeu de mot à la con dans le titre (pas pu m’en empêcher). A ne pas confondre avec Nouvelle Donne, une association oeuvrant pour la réinsertion des cadres, ou avec Nouvelle Donne, un magazine visant à la promotion du genre littéraire éminemment respectable que sont les nouvelles, ou encore avec Nouvelle Donne, du Grand Lyon, qui se présente comme "accélérateur de transition professionnelle", ou aussi Nouvelle Donne, un organisme de formation du 07, ou Nouvelle Donne, une simple (sic) agence de com…. J’arrête là la plaisanterie.
Ce parti s’articule autour de la personnalité de Pierre Larrouturou, dont nous sommes nombreux parmi les blogueurs à connaitre les propositions, vu qu’il a eu la gentilllesse de nous les envoyer en version papier; grâce lui en soit rendue. On le présente souvent comme un proche de Rocard, et il est surtout connu pour sa volonté forte de voir triompher l’idée du partage du temps de travail. Initiateur avec d’autres (dont feu Stephane Hessel) du Collectif Roosevelt auquel le nouveau parti dont il est question ici doit son nom ("It’s a New Deal"), il est passsé par le PS, puis par EELV, puis de nouveau par le PS, avant, donc de créer ce nouveau (petit) parti. A ses côtés, des figures plus médiatiques, et plus connues du grand public, comme Bruno Gaccio (ex-« Guignols de l’info »), le philosophe Edgar Morin, le médecin urgentiste Patrick Pelloux ou… Isabelle Maurer, la chômeuse qui avait interpellé Jean-François Copé sur France 2, la fondatrice d’Attac, Susan George, Christiane Hessel-Chabry, la veuve de Stéphane Hessel, la sociologue Dominique Meda. Edouard Martin, « le syndicaliste de la CFDT, populaire pour son combat mené à Florange, serait sur le point de les rejoindre », selon Le Nouvel Obs. L’Express, Le Monde, Le Parisien, Libération, Les Inrocks, et même le Figaro en parlent eux aussi abondamment, c’est dire l’exposition médiatique du machin.
Son objectif ? Excusez moi du peu : arriver devant le PS aux élections européennes de 2014, ni plus, ni moins. On peut toujours rêver, mais faire d’un mouvement qui atteignait seulement 11% de votes des militants socialistes au dernier congrès un parti qui dépasserait les cadors du PS, j’ai franchement du mal à y croire, je l’avoue, et ce malgré ma soif de nouvelles expériences à gauche. En outre, quelquechose m’interpelle, compte tenu de la composition de ce parti et de son positionnement politique : la motion 4 aurait-elle pour seul moteur de se venger du PS, qui l’a carrément évincé des listes de prétendants à ses couleurs aux élections européennes ? Et comment compte-t-elle s’en démarquer alors que ses initiateurs sont essentiellement issus du PS, et qu’ils ne prétendent aucunement se rapprocher du Front de Gauche ? Ou d’EELV ? Entre ses alternatives politiques un peu plus ancrées, le créneau qu’ils ont choisi semble terriblement étroit… S’ils en restent seulement là, l’initiative risque fort de ressembler dans quelques moi à un pétard mouillé… malgré la belle com bien huilée à laquelle nous avons assisté aujourd’hui.
Et puis, tous ces gens là, sont pas franchement de gauche, la vraie, veux je dire. Car ceux qui prétendent d’emblée dépasser les clivages, comment dire…. cela me rappelle quelquechose.