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Minorités linguistiques

Publié le 08 mai 2008 par Julienviel

Rappel : La charte européenne des langues régionnales (datant de 1992), signée en 1999 par la France, n'a toujours pas été ratifiée. Le débat d'hier est peut être un début de reconnaissance des spécificités territoriales qui font la richesse de notre pays.

2008-05-08 00:16:34
PARIS (AFP)

L'Assemblée nationale a débattu pour la première fois en séance publique mercredi de la place des langues régionales et minoritaires, mettant fin à un sujet quasi tabou en France, à la satisfaction des députés tous partis confondus.

Bretons, Alsaciens, Catalans, Corses, Occitans, Béarnais: une vingtaine d'élus, lors de ce débat inédit, ont revendiqué dans un français parfois teinté d'accent ou dans leur langue régionale la reconnaissance de leur identité régionale, déplorant, parfois avec passion, le déclin "des langues de France".

"Senyor Ministre, els Catalans son gent orgullosa, honesta i pacifica. La seva llengua es un dret i saben quins son els seus Diras" (M. le ministre, les Catalans sont fiers, honnêtes et paisibles. Leur langue est un droit et ils savent où sont leurs devoirs), a ainsi lancé Daniel Mach (MP).

Interrompu par le vice-président de l'Assemblée, Marc L'affineur (UMP), qui, du haut du perchoir, l'avertissait qu'il était "interdit de s'exprimer autrement qu'en français dans l'hémicycle", le député des Pyrénées-Orientales a tenu à terminer sa phrase en catalan après avoir évoqué "les humiliations historiques pour les Catalans".

"Bienvenue chez les ch'tis n'est pas un phénomène cinématographique mais un phénomène sociologique", a renchéri Marc Le Fur (UMP, Côtes-d'Armor). "Egalité ne veut pas dire uniformité", a-t-il ajouté, réclamant "du concret sur l'éducation, les médias, internet, la signalétique" et "une belle et grande loi" pour les langues régionales.

M. Le Fur avait mené une fronde d'une trentaine de députés UMP lors de l'examen du texte sur le traité européen en début d'année, tentant en vain par un amendement de modifier la constitution pour permettre la ratification de la Charte européenne sur les langues régionales. Le gouvernement s'était alors engagé à organiser un débat.

La France a signé en mai 1999 cette Charte, dont s'est doté le Conseil de l'Europe en 1992, mais ne l'a jamais ratifiée, le Conseil constitutionnel ayant estimé qu'une telle ratification nécessitait une révision de la Constitution.

Les députés de l'opposition n'ont pas été en reste, rejoignant ceux de la majorité dans leur "fierté de représenter des cultures régionales". Ils ont réclamé la ratification de la Charte européenne et proposé d'ajouter à l'article 2 de la Constitution ("la langue de la République est le français") les mots suivants: "dans le respect des langues régionales qui font partie de notre patrimoine".

"La France, qui a la chance de posséder 75 langues régionales, les laisse s'éteindre peu à peu", a déploré Françoise Olivier-Coupeau (PS, Morbihan), "il est largement temps de vaincre la frilosité des institutions".

La ministre de la Culture, Christine Albanel, a confirmé que la France ne ratifierait pas la Charte européenne, "contraire à nos principes".

Cette ratification "implique la reconnaissance d'un +droit imprescriptible+ de parler une langue régionale, notamment dans la sphère publique", a-t-elle notamment argué.

La ministre s'est cependant engagée à proposer un texte de loi, réclamé par de nombreux députés UMP, sans préciser de calendrier.


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