Magazine Finances
La science économique est bien particulière. En effet, elle comporte un nombre considérable de règles dont la plupart sont contradictoires. Les relations entre chômage et inflation en sont un exemple. Si les prix augmentent, la demande de biens et services diminue. Dans une économie tirée par la demande, la production diminue, la demande de main d’œuvre diminue et le chômage augmente. On peut dire également que si les prix augmentent, l’offre a tendance à augmenter car les prix deviennent plus attractifs, donc la production augmente et le chômage diminue, à condition que le marché du travail ne soit pas rigide, ce qui est un frein à l’embauche. De tels exemples sont légion en matière de politique économique. Les interactions sont, parfois, plus complexes. Un choc pétrolier, par exemple, diminue la profitabilité de l’offre donc tend à diminuer la production. Si le gouvernement, obnubilé par une politique de la demande, cherche à relancer celle-ci par une politique monétaire ou budgétaire qui se traduit par une baisse des taux d’intérêts ou par des transferts directs aux ménages, l’augmentation de la demande aura comme conséquence une augmentation des prix dans un environnement où la production est déficiente. Cette augmentation des prix entrainera, à terme, une diminution de la demande rendant la politique gouvernementale inefficace. C’est pourquoi, abordant un domaine complexe, il faut le faire avec des idées simples (Ch. De Gaulle) : pour qu’un pays ne s’appauvrisse pas, il doit s’enrichir ! Et un pays ne peut, globalement, s’enrichir que si sa balance commerciale est bénéficiaire, c’est-à-dire s’il gagne plus de devises qu’il n’en dépense ou, autrement dit, si ses exportations sont supérieures en valeur à ses importations. Pour cela, la stratégie diffère selon l’état de développement du pays. Pour un pays développé et industrialisé, la seule stratégie gagnante consiste à abandonner les industries de main d’œuvre, excepté celles qui ne sont pas délocalisables, car le contraire entraine le pays dans une concurrence perdante par les prix avec les pays en voie de développement. La seule voie restante consiste à développer une stratégie de l’offre appuyée sur l’innovation et la qualité, comme l’industrie automobile allemande en offre un exemple magistral, de même que, dans une moindre mesure, celle du Royaume-Uni. Il n’y a pas d’autres voies pour que les exportations trouvent leurs marchés et se développent en rendant positive la balance commerciale. Importer des produits à faible coût de main d’œuvre (sous conditions environnementales) et exporter des produits à haute valeur ajoutée, telle est la condition de sortie de crise. Le problème est qu’il faut du temps pour qu’une telle stratégie devienne opérante et il n’est pas sûr que la France en ait encore ! Il faut aussi que les entreprises aient les moyens d’investir dans l’innovation, ce qui veut dire que leur potentiel d’investissement ne soit pas confisqué par l’impôt. Et il est à craindre que les mesures gouvernementales actuelles, comme le CICE, soient très loin d’être à la hauteur, apportant une réduction des charges de 20 milliards d’Euros alors qu’il en faudrait 100. Et pour financer cet investissement, il faudrait réduire réellement les dépenses de 200 milliards d’Euros et non pas se contenter d’une réduction de l’augmentation (sic !). Malheureusement, nos gouvernants devenus aveugles à la réalité, cherchent par idéologie à endormir le peuple français en tenant un discours lénifiant sur une reprise qui serait censée revenir et un chômage qui serait enfin en diminution. On a assisté au show d’un ministre du « redressement productif » (re-sic !) qui exulte pour avoir « sauvé » quelques centaines d’emplois par ci- par là alors que le pays compte plus de 3 millions de chômeurs et près de 10 millions de pauvres ! Finalement, deux idées simples : il faut gagner plus qu’on ne dépense et ce sont les entreprises qui créent l’emploi productif.