Doris Lessing s’est éteinte le 17 novembre dans sa maison londonienne à l’âge de 94 ans. En 2007, elle remportait le prix Nobel de Littérature clamant qu’on le lui avait enfin décerné après des années de nomination et parce qu’elle était proche de la fin. Bref portrait d’une auteure plus lue en Grande-Bretagne qu’en France.
La onzième femme à remporter le Nobel , auteure de romans, nouvelles, opéras et pièces de théâtre, écrivait beaucoup le matin et ne cessait de dire qu’écrire était un travail dur. Parfois, Lessing se laissait surprendre par des personnages nés de son imagination, prenant les rênes dans un ouvrage. Elle avait d’ailleurs, dans sa jeunesse, quitté un poste d’employée dans un cabinet d’avocats afin de se lancer dans l’écriture d’un roman, projet qu’elle avait annoncé à son patron en donnant sa démission.
Doris Lessing aimait parler vrai et n’avait pas peur de déranger. Ainsi, elle avait choqué le public avec son premier roman, reconnu comme chef-d’oeuvre The Grass is Singing traduit en français sous le titre : Vaincue par la brousse. Ce livre publié en 1950 narre une liaison entre une fille de fermier blanc et un serviteur africain. L’Afrique était pour Lessing une source d’inspiration forte, l’auteure ayant grandi en Rhodésie du Sud, actuel Zimbabwe. Militante anti-apartheid et communiste pendant un temps, Lessing était également reconnue comme une figure féministe, étiquette qu’elle refusait d’ailleurs malgré le succès et les retentissements de son roman The Golden Notebook (Le carnet d’or, 1962), qui questionne entre autres la sexualité féminine. Avec pas loin de soixante ouvrages, Lessing demeurera une grande figure de la littérature britannique contemporaine. On n’oubliera pas ses coups de gueule contre l’intelligentsia littéraire qu’elle qualifiait d’étroite d’esprit pour avoir mal compris ses tentatives de science-fiction comme Shikasta.
On n’oubliera pas non plus ces images d’une très vieille dame descendant de taxi au moment où elle apprend sans grand étonnement l’obtention de son Prix Nobel, au retour de courses d’alimentation. Car cette récompense ultime ne peut être décernée qu’à un auteur encore vivant.
F.A