À raison de trois écrits par jour pendant deux ans, un utilisateur de Twitter totalisera déjà 2100 messages pour sa seule page personnelle. Une fourmilière dans laquelle le journaliste peut désormais fouiller grâce au site américain regroupant tous les tweets parus depuis 2006.
Vous savez utiliser Google, vous saurez utiliser Topsy. Le principe est le même, une recherche par mots-clés et des milliers de résultats. Cibler certains sujets, vérifier des propos, déceler des tendances d’actualité, une utilisation qui semble rejoindre des pratiques de web-journalisme nécessairement nouvelles.
Devenir un outil pour journalistes, ce n'est pourtant pas l'unique vocation de Topsy comme l'explique Jamie de Guerre, un des responsables de l'entreprise.
"Topsy a été créé dans le but d'analyser les conversations publiques disponibles sur le réseau social. Ces conversations sont une mine d'information qui peut intéresser les individus, les médias et les responsables de grandes marques."
Interrogé sur le sujet, Nicolas Robert, journaliste-pigiste orienté web, l’affirme, "Topsy, c'est un outil qui a tous les avantages que l'on demande au web. Il est à la fois malin, utile et assez simple d'utilisation, bien qu’un paramétrage des recherches est nécessaire". Des avantages significatifs pour la presse, numérique ou non, à l’heure où l’information circule de plus en plus vite et sur une multitude de supports.
Quelle plus-value par rapport à Twitter ?
Le principal atout du moteur de recherche : la chronologie. Une heure, une journée, une semaine, une année, les résultats sont classés des plus récents aux plus anciens. La fonction "specific range" (photo ci-dessus) permet également de définir une échelle particulière.
Ainsi, avec la recherche du mot-clé "journalisme", Topsy répertorie 1840 occurrences sur la période des deux derniers jours. D’autres filtres sont également disponibles comme le type de messages recherchés qu’ils s’agissent de photos, de vidéos ou de liens.
"Utile dans le cadre d’une veille d’information qualitative ou quantitative."
Comme l’explique Nicolas Robert, le site peut en effet devenir une précieuse source de vérification de propos. Car au milieu de ses utilisateurs, Twitter recense de très nombreux comptes professionnels, les personnalités politiques en tête de file. Une manne pour le fact checking devenu pratique courante et qui faisait l’objet d’une réflexion lors des Assises du journalisme à Metz.
Témoin de ce procédé, Cory Haik, responsable du projet Truth Teller au Washington Post, et présente aux Assises, va même plus loin. "Nous utilisons le fact checking depuis longtemps, c’est la base du journalisme, le rôle du journaliste étant de découvrir la vérité." Le Washington Post fait d’ailleurs partie des clients de Topsy tout comme USA Today ou The New York Times. En France, Libération et Le Monde ont aussi mis en place leur propre blog de fact checking intitulés Désintox et Décodeurs.
Dégager des tendances d’actualités, c’est aussi une des possibilités offertes par Topsy.
Avec le nombre d’occurrences indiquées pour tel ou tel mot-clé, l’usager pourra s’en servir pour trouver des sujets intéressants pour le plus grand nombre de lecteurs.
L’outil du journaliste 2.0 ?
Avec 230 millions de comptes, Twitter est loin du milliard de Facebook.facebook.com mais reste cependant avant-gardiste en matière de diffusion de l’information avec un format de message plus court et un plus grand nombre de médias inscrits.Concernant l’usage de Topsy par les entreprises de presse, la réponse de Jamie de Guerre est simple, "Topsy est une ressource indispensable pour les journalistes partout dans le monde et très connu aux États-Unis." Une ressource qui semble se démocratiser en France comme avec l’Agence France Presse. Gregory Lemarchand, journaliste à l’AFP, l’affirme, "On ne peut pas être journaliste en 2013 sans avoir une veille sur Twitter."
Un bon compromis qui coûte cher
Le journalisme, mais pas seulement. Le principe du site étant d'explorer toutes les conversations qu'elles soient intéressantes ou non pour les médias. Plusieurs outils d’analyse payants sont d’ailleurs proposés et utilisés par des sociétés comme Visa ou AOL.
Quant à Jamie de Guerre de Topsy, il se dit satisfait de l'utilisation faite par le monde de la presse et compte certainement sur ce cercle vertueux médiatique pour attirer de plus en plus d'utilisateurs.
Une question reste en suspend, la viabilité de Twitter et donc de Topsy sur le long terme. Malgré son entrée en bourse réussie en novembre 2013, l’entreprise accuse un déficit de près de 60 millions d'euros au troisième trimestre 2013.
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