Aux premières notes, on ne comprend pas ce que certains nous disent : ce n'est pas encore cette
fois-ci que les allergiques à Vincent Delerm se réconcilieront avec lui.
On retrouve dans "Les amants parallèles" les mêmes petites habitudes du monsieur :
cette façon si particulière de ne pas chanter, cette manie pour le "name
dropping", ces mêmes thèmes "petits bourgeois parisiens" hérités de la Nouvelle Vague, mais aussi cette faculté à créer à chaque chanson de drôles de petites
saynètes amoureuses. La seule différence, c'est que pour une fois, Delerm n'essaie plus d'épater la galerie avec ses traits d'humour quelque peu cyniques. Non, "Les amants parallèles" jouent la carte de la sobriété. Avec un minimum de textes, le décor est planté. Et la musique est au diapason, avec seulement du piano, même s'il y en a en tout quatre, chacun accordé différemment pour reproduire la sonorité d'autres instruments.
L'ensemble donne une ambiance encore plus feutrée, idéale pour parler de la vie d'un couple, de sa naissance à l'arrivée d'enfants et bien après. La nostalgie des bons moments y est évoquée, des petites histoires universelles. Et puis, un disque où il est question de "tee-shirt de Johnny Marr", de "concert des Charlatans" - dans la chanson "L'Haçienda", ancienne salle mythique de Manchester - ne peut pas être foncièrement mauvais. Oui, peut-être qu'au final certains anciens détracteurs se laisseront amadouer. Le bonhomme a un fort pouvoir de séduction, surtout en concert, jouant autrefois essentiellement sur la dérision. Il y ajoute aujourd'hui une dose supplémentaire d'humanité. La maturité et les cheveux gris, sans doute.
Clip de "Les Amants Parallèles" :