Elle parle doucement puis sa voix prend un peu plus d’ampleur à mesure qu’elle évoque le lointain, le marin… L’espace est immense ; en fond de scène un écran blanc reçoit des couleurs fluides, bleues, blanches, vagues et écume… Et le jardin est annoncé. On se perd dans les mots, on se dit peu importe, des colonnes permettent de jouer apparition, disparition : la jeune fille, le jardinier. Les lumières transforment les couleurs. Le bleu s’assombrit, puis devient vert, redevient bleu. Parmi toutes les fleurs nommées, une fleur a séduit un jardinier, un jardinier a voulu l’éternité d’une fleur, l’éternité n’a rien de la surprise d’un jour, un jour qui suit un autre et ne lui ressemble pas. Le ton choisi des comédiens rend le spectacle étrange, abstrait. Le jardinier qui crée cette fleur artificielle n’est pas un jardinier, tout au plus un horloger - bijoutier : un jardinier s’attache à la diversité de la végétation, à ses dons, et s’il meurt c’est la joue sur la terre, comme le jardinier de Lucien Suel.
Dehors, un fauteuil où poussent quelques branches, œuvre du Collectif Réversible, rappelle que la nature est accueil, que la nature est étonnement, au-delà des mots et des espaces si grands que seules les musiques peuvent les habiter.