Les entreprises taiwanaises sont majoritairement vides de salaries étrangers. Les manageurs taiwanais ne voient pas d'intérêt à embaucher un étranger plutôt qu'un local. Ils voient par contre beaucoup d'inconvénients: salaire minimum 50% plus élevé que le salaire local (minimum impose par la loi), inquiétude que l'employé étranger quitte le poste à tout moment, inquiétude aussi de ne pas savoir manager l'employé étranger.
Seules les entreprises étrangères ont parfois quelques étrangers dans leurs rangs. Souvent le patron en expatriation, et quelques plus jeunes qui ont réussi à se faire sponsoriser par ce patron et se faire embaucher en contrat local.
Pour chercher du travail à Taiwan, il faut donc falloir chercher à se faire connaitre auprès de ces manageurs étrangers, en particulier des manageurs français qui sont les plus à même d'apprécier la formation à la française.
Le marché taiwanais étant un petit marche, les entreprises étrangères sur place sont avant tout des structures de vente. Seules quelques-unes ont des unités de production, mais je ne connais pas une seule entreprise qui ait installé un centre de R&D sur l'ile.
Une industrie se distingue nettement sur le marché taiwanais: l'électronique. C'est le fer de lance de l'industrie taiwanaise. L'entreprise qui symbolise le succès de ce secteur est TSMC, entreprise locale, large leader mondial du marché de la fonderie (manufacture des circuits imprimés). C'est le secteur qui attire le plus de jeunes taiwanais. C'est aussi l'un des seuls secteurs qui recrute des ingénieurs.
La business line Electronics d'Air Liquide ne représente que 15% de son chiffre d'affaire a l'échelle mondiale, mais à Taiwan, cela représente plus de 70%! Un chiffre qui en dit long sur la position prédominante de l'électronique à Taiwan.
La chambre de commerce de la France a Taiwan propose un service de recrutement ouvert aux français. Mais à titre indicatif, sur l’année 2013 ils n’ont réussi à placer que 6 candidats. Il leur a aussi fallu 5 mois pour placer mon ami P., polytechnicien et fluent en Chinois. C’est dire la difficulté de trouver un emploi localement.
La chambre de commerce propose l’annuaire des entreprises membres, ce qui permet déjà de se faire une idée des groupes français présents à Taiwan. Cela peut orienter les premières recherches.
Les stages ne sont pas dans la culture taiwanaise. Très peu d’opportunités donc. Rechercher donc les manageurs français, qui seuls, peuvent être intéressés par des stagiaires. La chambre de commerce propose quelques stages chaque année, mais il faut être prêt à accepter la rémunération : vous gagnerez en un mois le prix de 4 nuits dans un hôtel à bas prix de la ville.
Avant de conclure un petit peu de positivité. Si la recherche d’un emploi classique sur le marché taiwanais a l’air d’une mission impossible, des portes sont ouvertes vers des métiers beaucoup moins classiques. Je ne parle pas de l’enseignement de l’anglais, ou du français, qui bien que bien paye, est un milieu rempli de personnes que je ne respecte guère. Je pense plutôt, par exemple, au milieu de l’audio-visuel.
J’ai été amené à tourner dans plusieurs publicités pour la télévision. J’ai rencontré un jeune américain, ancien ingénieur informatique en Californie, qui exerce maintenant à plein temps son nouveau métier de mannequin ! Je participe aussi de temps en temps à un talk-show à la télé, ou je parle en Chinois des différences culturelles entre Taiwan et la France. J'ai ensuite concu un site internet pour abriter mes travaux, et obtenir davantage d'opportunites dans ce domaine: mathieusaintes.weebly.com/
En guise de conclusion l’extrait d’un email écrit par un de mes amis qui connait bien Taiwan aussi :
J'ai toujours pensé qu'en tant qu'étranger à Taiwan il y avait pas mal de possibilités un peu bizarres mais intéressantes (et ton travail à la télévision en relève ; je pense également aux quelques Anglo-saxons devenus célèbres en animant des programmes pour apprendre l'anglais, pourquoi ne pas essayer pour le français ? …), mais comme je n'ai pas encore sérieusement essayé je concède que cela relève de la spéculation. En tout cas, comme lorsque tu t'es lancé dans la télévision, ne \crains pas d'essayer ce qui t'intéresse, même si ce n'est pas orthodoxe !