Selon mon Petit Robert, l’intelligence est « la faculté de connaître, de comprendre. Elle
Raby n’a pas tort. Les animaux exploitent, eux aussi, l’organe noble, mais leur capacité de raisonner est limitée. Ou du moins, sous-estimée. Quand Chewbaka, mon labrador, m’épie, puis me chipe mon steak sur le comptoir dès que je tourne le dos, son méfait a tout de la préméditation, de l’orchestration, d’un plan machiavélique en marge de l’instinct pour me dérober mon repas.
Depuis l’antiquité, on se questionne sur la capacité des animaux à témoigner une intelligence abstraite en dehors de certaines situations particulières liées au conditionnement ou à l’apprentissage. Depuis des siècles, les scientifiques savent que l’animal ressent la souffrance et exprime des émotions qui s’apparentent à celles de l’homme (peine, joie, tendresse, affection…). On doutait cependant qu’il puisse anticiper, se reconnaître lui-même, éprouver le deuil, élaborer des concepts abstraits dans des situations nouvelles, tous des indices d’intelligence.
Puis il y eut Washoe, la femelle chimpanzé, qui, dans les années 1970, fut le premier animal à apprendre le langage des signes, les utilisant, au terme de son apprentissage, pour exprimer une émotion, ou une idée !
Un cas unique ? Eh bien non ! Encore dans les années 70, le gorille Koko, apprit lui aussi le langage des signes et put, lui aussi, exprimer des émotions et des sentiments.
J’entends certains : « Pas surprenant ! Ce sont des singes ! Nos cousins ! »
Détrompez-vous ! L’intelligence n’est pas exclusive aux mammifères terrestres. Pensez aux dauphins. D’autres exemples animaliers ? Un corbeau use d’un bâton pour atteindre un morceau de viande hors de sa portée.* Une pie tord la tige droite dont elle dispose de telle manière qu’elle l’accroche à l’anse d’un petit seau contenant des larves, seau que la pie remonte et sort d’un tube de verre. ** Pour s’évader d’une boîte dans laquelle elle est enfermée, une pieuvre évalue avec calme la grandeur d’une ouverture. *** Un groupe d’abeilles habituées d’entrer dans une enceinte pour y consommer une solution sucrée est soumis à deux stimuli matérialisés par deux images distinctes, l’une exprimant le concept « au-dessus de l’autre » et l’autre « à côté de l’autre ». Les abeilles ont le choix entre deux orifices, l’un délivrant la solution sucrée et l’autre, une solution amère, qui déplaît aux insectes. Pour mériter la récompense, la boisson sucrée, les abeilles doivent comprendre les concepts (« au-dessus » ou « à côté »). Pour éviter toute mémorisation spatiale, la position des images change de manière constante. Après une trentaine d’essais, les abeilles comprennent, obéissent à l’instruction (« au-dessus » ou « à côté ») et vont directement à la récompense !****
Il semble donc que même les espèces vivantes au cerveau minuscule et rudimentaire peuvent user d’intelligence. En outre, il semble que l’élaboration de concepts et la manifestation d’une intelligence abstraite soient possibles en l’absence de langage, du moins d’un langage compris par l’humain.
Évidemment, l’Homme est choyé. Il est intelligent. Très intelligent. Tellement intelligent, qu’on peut se questionner sur les raisons de cette attribution spéciale d’une intelligence si supérieure. Qu’avait-il fait pour mériter cela ?
L’intelligence est donc accessoire à l’intuition, et nullement l’apanage de l’homme, le plus futé des animaux, mais si bête qu’il la croit exclusive. En fait, l’animal le craint, ce qui atteste de sa propre lucidité.
* http://www.youtube.com/watch? v=wrHHKJQRlr8
** http://www.dailymotion.com/video/x75rj1_intelligence-de-la-pie_animals
*** http://www.youtube.com/watch?v=PiYU4HocaUQ
**** http://www.rtflash.fr/l-intelligence-abstraite-n-est-plus-propre-l-homme/article
© Jean-Marc Ouellet 2013