Les gantiers sont légion en Italie, on en trouve de toutes sortes, artisanaux, moins artisanaux, industriels, luxe, moins luxe, pour tous les goûts et tous les budgets ; il y en a en Lombardie, au nord, dans la région de Naples, au sud (voir notre article sur les gantiers napolitains), quelques-uns à Rome et dans ses environs (je laisse volontairement de côté Florence, où, sauf exception, la surexploitation commerciale du folklore local en matière de maroquinerie n’est pas forcément gage de qualité). Aujourd’hui, nous avons choisi de mettre l’accent sur une enseigne romaine réputée, Merola Gloves, qui a eu le bon goût de ne pas chercher à sortir de son domaine d’expertise, le gant en cuir, et dont les prix débutent aux alentours de 110 euros.
Merola Gloves : gantier napolitain depuis 1870, gantier romain depuis 1885
Nicola Merola a appris son métier là où se joue le destin de la ganterie dans la seconde moitié du XIXe siècle, non pas en Italie mais en France, non pas à Paris mais à Grenoble. La famille, originaire de Naples, vend ses créations dans une boutique située non loin du Caffè Gambrinus et de la via Chiaia, le centre névralgique de la ville. En 1885, ses enfants Leopoldo et Giuseppe décident de s’installer à Rome, déplaçant la boutique via del Corso : l’endroit où il faut être pour vendre des produits de qualité. Le commerce des gants est alors florissant et l’entreprise prospère (au tournant des années 1920, elle possèdera pas moins de onze boutiques à travers le pays : à Rome, Florence, Naples, Venise et Turin). La Seconde Guerre mondiale va donner un coup d’arrêt brutal à cet élan. En l’absence de peausseries et de clients, la production s’arrête, les magasins sont fermés.
Les années d’après-guerre auraient pu être fatales aux Merola si ces derniers n’avaient pris les chemins des studios de cinéma. Aujourd’hui encore, un film reste associé aux gants Merola, un film qui, par ailleurs, marque les débuts de la diffusion du style continental. Ce film, c’est Vacances romaines. Mieux qu’une publicité : un nouveau départ.
Depuis qu’il a rejoint la société (qu’il dirige toujours aujourd’hui, aidé de ses deux enfants, Stefano et Claudia), Alberto Merola n’a eu de cesse de perpétuer la tradition, s’investissant notamment dans la fourniture de gants, modernes ou imités de modèles anciens, pour le théâtre lyrique et les grandes productions hollywoodiennes. Kate Winslett dans Titanic, Nicolas Cage dans Capitaine Corelli ou Le Fantôme de l’Opéra, Nicole Kidman dans Retour à Cold Mountain et Australia, Mel Gibson dans The Patriot : ils portent tous des gants Merola.
Aujourd’hui, Merola Gloves ne compte plus qu’une poignée d’employés à Rome, mais une soixantaine dans l’atelier de Naples, dont la capacité de production annuelle avoisine les 20 000 paires. Ses produits sont disponibles auprès de revendeurs sélectionnés avec soin : Harrod’s à Londres, Bergdorf Goodman à New York, Waco (Ginza), Isetan à Tokyo, Galleria San Babila à Milan. L’entreprise compte en outre ou a compté parmi ses clients de très belles marques : Lanvin, Bottega Veneta, Magli, Yves Saint Laurent, Salvatore Ferragamo, Prada, Fratelli Rossetti, Brioni, Ferrari, Artioli, Testoni, Stefano Ricci, Valentino… Au-delà des modèles standards, il est tout à fait possible de se faire réaliser par Merola Gloves des gants sur mesure. Au besoin, si vous n’avez pas le loisir de faire escale à Rome, une simple photographie de vos mains accompagnée des mensurations utiles sera nécessaire. Délai de livraison : de deux à trois semaines. Quant au prix, il vous faudra le demander.
Merola Gloves
Via dei Giuochi Istmici, 7
00135 Roma
Tél. : +39 066 79 19 61
E-mail : [email protected]
Site : http://www.merolagloves.it.
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