LE PHOTOGRAPHE t2, BD de GUIBERT, LEFEVRE ET LEMERCIER
Par Geybuss
BD - Dupuis Editions - 80 pages - 16.50 €
1ère parution en 2004
Le sujet :
Fin juillet 1986. Didier Lefèvre quitte Paris pour sa première grande mission photographique : accompagner une équipe de Médecins Sans
Frontières au coeur de l'Afghanistan, en pleine guerre entre Soviétiques et Moudjahidin. Cette mission va marquer sa vie comme cette guerre marquera l'histoire contemporaine. Au croisement des
destins individuels et de la géopolitique, à l'intersection du dessin et de la photographie, ce livre raconte la longue marche des hommes et des femmes qui tentent de réparer ce que d'autres
détruisent.
Tentation : AGFE
Fournisseur : la bib'
Mon humble avis : Je sors de ce tome à nouveau bouleversée. 2ème tome sur
3 de cette série que m'a conseillée mon amie AGFE. Le photographe nous fait suivre une équipe de Médecins Sans Frontière au coeur de l'Afganistan, durant la guerre qui la confrontait à
la Russie.
Lors du premier tome, nous suivions l'équipe dans les préparatifs de l'expédition humanitaire, puis sur le long chemin (plus d'un mois
de marche) qui la menait au village prévu.
Ici, l'équipe médicale et le photographe sont arrivés dans ce village du bout du monde et se mettent à l'oeuvre avec des
moyens dérisoires... Un batiment en ruine devient l'hôpital, la cours ombragée la salle de réanimation, la terrasse vue sur montagne la salle d'opération. Quand les blessés ne
peuvent se déplacer, c'est l'équipe qui repart pour un jour de marche pour rejoindre le chevet des moribonds... Médecins et infirmières opèrent des journées et des nuits entières, le
dos courbés, veillent leurs patients alors qu'au loin, retentit le bruit des bombes. De la bobologie aux blessures de guerre, tout y passe. Personne n'est épargné, ni même les
enfants... qui ne pleurent même pas alors qu'une balle a transpersé leur bras ou qu'un éclat d'obus leur a arraché une partie de la mâchoire.
Et les médecins font tout, tout ce qu'ils peuvent pour rabibocher ces victimes de guerre. Le photographe a parfois du mal à
photogaphier, mais ce sont alors les victimes qui lui demandent de le faire, afin de témoigner. Il faut que le monde sache ce qui se passe ici.
C'est dur, c'est l'enfer pour tout le monde. Et pourtant, ces médecins y reviennent volontairement régulièrement. Pourquoi, parce
qu'ils sont utiles, qu'ils pratiquent la vraie médecine, celle où il faut observer et déduire. Et surtout, parce que le peuple afgan leur rend au centuple, par un sourire, par une invitation à
diner, en se privant de pain pour que l'équipe médicale n'en manque pas.
Dans cet enfer, nos hommes se soignent par le sens de l'humour, où comment disserter en pleine montagne sur un rocher qui devient un...
rocher Suchar.
Et toujours cette alternance de dessins et de photos noir et blanc de l'expédition.
Cette BD est vraiment un magnifique et incontournable hommage sur ces héros de l'ombre. Les victimes de guerre qui survivent en se
plaignant dix fois moins dans une vie que l'on peut, nous, ici, le faire en une journée. Mais aussi ces médecins du bout du monde, de l'ombre, loin des caméras de TV, qui exécutent des exploits
tous jours avec... presque rien. Ces hommes et femmes qui vivent pour l'autre, qui se retrouve dans le renoncement d'eux mêmes.