À la mémoire de ce poète Martiniquais disparu

Publié le 17 avril 2008 par Waffo

Après moultes hésitations, Aimé Cesaire s’en est allé rejoindre les autres. C’est au CHU de Fort-de-France que l’ancien maire, député, écrivain, homme de lettres, de conviction a finalement succombé à ses problèmes cardiaques.

Avec ses deux autres collègues (formant un espèce de cercle des poètes disparus), le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon-Gontran Damas, ils ont formé la négritude. Ce courant politique important qui a permis à l’Afrique et surtout à ceux du continent éparpillés dans le monde d’avoir foi à la vie mais surtout d’abord en eux.

« L’auteur du “Cahier d’un retour au pays natal” avait consacré sa vie à la poésie et à la politique. Principale figure des Antilles françaises, il fut depuis les années 1930 de tous les combats contre le colonialisme et le racisme.

Maire de Fort-de-France pendant 56 ans, de 1945 à 2001, il avait fondé en 1957 le Parti progressiste martiniquais (PPM) qui revendique l’existence d’une communauté historique martiniquaise et veut jouer le jeu de la décentralisation. Il l’avait présidé jusqu’en 2005.

Aimé Césaire est l’auteur de pièces comme “La Tragédie du roi Christophe” (1963, sur la décolonisation) ou “Une saison au Congo” (1966, sur Patrice Lumumba). En poésie, il a signé “Les Armes miraculeuses”, “Soleil cou coupé”, “Corps perdu”, “Ferrements” ou “Moi laminaire”.

Il a aussi été essayiste et polémiste avec son “Discours sur le colonialisme”, cri de révolte contre l’Occident, juché sur “le plus haut tas de cadavres de l’humanité” ou “Lettre à Maurice Thorez”. »

 Un extrait du Martiniquais parlant de son ami Senghor.

http://www.youtube.com/watch?v=_KTq5eTojPA

Extrait de Cahier d’un retour au pays natal 

Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

l’homme-famine, l’homme-insulte, l’homme-torture
on pouvait à n’importe quel moment le saisir le rouer
de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d’excuses à présenter à personne
un homme-juif
un homme-pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu’on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d’une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?