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De l’ombre à la plume

Publié le 31 octobre 2013 par Polinacide @polinacide

James Bond n’a qu’à bien se tenir. Si les aventures de l’espion « le plus connu de la terre » relèvent d’une fiction assumée, d’illustres anciens du renseignement sortent eux aussi de l’anonymat, reconvertis en romanciers. Sans rien divulguer ni briser le secret défense, ils cultivent un univers trouble où les personnages pensent et agissent comme d’authentiques figures d’espionnage. 

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Des thrillers bâtis de toutes pièces sur fond de réalité. Après avoir servi son pays avec patriotisme et honneur, comment prendre la plume sans pour autant dévoiler son vécu ? Si déterminer la limite entre fiction et neutralité relève du défi, pour Bernard Besson, ancien chef de cabinet du directeur central des Renseignements généraux et écrivain, « le roman est avant tout une formidable opportunité de mettre en scène les hommes du renseignement et rendre hommage à leur travail ». Alors que sort aujourd’hui son 10e livre, Le partage des terres, le romancier affirme qu’« écrire une bonne histoire d’espionnage nécessite avant tout de connaître la fin ». Un réflexe professionnel prospectif ? Plutôt un moyen de retrouver le fil du récit et donner raison au lecteur, quitte à repenser l’intrigue. « En littérature, on est obligé de parler vrai. Même si l’histoire que je raconte se doit d’être fictive, les réflexions, les gadgets, les grands cadres géostratégiques font bel et bien partie du réel ». Le doute, l’attente, les heures creuses. Autant de facettes du métier qu’il s’avère difficile de faire ressentir au lecteur, d’autant plus en France où la culture du renseignement manque cruellement en comparaison à ses voisins, Britanniques notamment.

La transparence, une hydre à deux têtes ?

Entre l’exploitation de méta-données, le profilage ou encore le stockage massif d’informations, la notion même de « secret » s’étiole désormais de plus en plus. Crevant l’abcès d’une vérité connue depuis près de 50 ans, le dernier scandale de la NSA crée aussi l’occasion de rétablir la confidentialité, nécessaire voire indispensable à tout État de droit. Si « la qualité d’une information dépend toujours du degré d’ignorance en amont » selon Bernard Besson, un déballage irresponsable peut s’avérer quant à lui meurtrier. Paul Fauray, officier et haut fonctionnaire, ancien du commandement des opérations spéciales et auteur de La bombe des mollahs le rappelle : « sous couvert de la transparence, ce sont des hommes et des femmes qui se font abattre ». Des anonymes de l’ombre dont l’humanité reste souvent la grande oubliée derrière l’ampleur des révélations.

Je tiens à remercier l’ANAJ-IHEDN (Association nationale des auditeurs jeunes de l’Institut des hautes études de défense nationale) pour la qualité et la pertinence de leurs conférences. 


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