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Mécanhumanimal : de rouille et de chair

Publié le 06 novembre 2013 par Polinacide @polinacide

Des hybrides mécaniques, à la fois sauvages et monstrueusement humains. Pour inaugurer sa première rencontre avec un illustrateur, le Musée des Arts et métiers n’aurait pu désigner meilleur candidat qu’Enki Bilal. Traversée d’un univers fantasmagorique et angoissant, Mécanhumanimal explore les rapports obscurs entre l’Homme et le progrès scientifique, faisant étrangement écho aux ambivalences de notre propre humanité.

Mecanhumanimal

Mécanhumanimal, à voir du 4 juin 2013 au 5 janvier 2014 au Musée des Arts et Métiers à Paris.

Célébration du transhumanisme, où du rêve originel de l’ « homme augmenté ». Si le néologisme Mécanhumanimal s’est imposé à Enki Bilal « comme une évidence », aucun doute qu’il a su semer la confusion chez certains spectateurs. « Le musée est un ensemble de rencontres par la mécanique autour de l’inventivité humaine, et l’Homme n’est jamais loin de l’animal qu’il a été ».

Conçu comme un dédale faisant dialoguer les planches de bandes-dessinées avec des objets détournés de leur fonction d’origine, ce parcours transgresse les frontières du réel pour y greffer la signature prophétique de Bilal. « J’ai choisi des objets qui m’attiraient par leur esthétique ou par leur fonction, et certains ont à voir avec mon univers, ou bien se trouvent réinterprétés, comme par exemple le turboréacteur ATAR qui devient la capsule de Nikopol ». Inattendue, futuriste et empreinte d’une poésie sombre et violente, cette exposition gagnerait pourtant en clarté si elle était moins anarchique, tant l’ambiguïté thématique se suffit amplement à elle-même.

"La mécanique, les machines (…) présentées ont beaucoup emprunté au physique, à la morphologie de l’humain et de l’animal."

Sorte de Frankenstein des temps modernes, le Mécanhumanimal témoigne du fantasme ultime de vouloir dépasser les lois biologiques bridant les aspirations de l’Homme. Plus vite, plus haut, plus fort. Rappelant au premier abord les créatures mythologiques qui nourrissent l’esthétisme de Bilal, cet étrange hybride n’est au final que le reflet d’une quête inassouvie, du désir constant de gagner en performance anatomique. Miroir inquiétant du décalage persistant entre la réalité du corps et l’image que l’on souhaiterait en projeter.


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