Abel Ferrara, réalisateur de quelques-un des films les plus percutants de ces 25 dernières années (King of New York, Bad Lieutenant, Nos Funérailles, notamment), livrait l'an passé sa vision de la fin du monde. Loin, très loin de Roland Emmerich et de ses films catastrophes, Ferrara place sa caméra dans un loft new-yorkais pour ne quasiment plus le quitter, resserrant son action autour d'un couple vivant, comme le reste du monde, ses derniers instants, avant l'heure fatidique de 4h44 où la Terre partira en fumée.
Les deux protagonistes, connectés en permanence à Skype et Internet, vivent leur rapport à l'autre via les nouvelles technologies. Miroir évident de la société actuelle, leur quotidien nous est par conséquent familier. Et Ferrara de s'interroger: si le monde doit mourir, comment réagirions-nous ? L'issue de l'histoire, faisant triompher les rapports humains et l'amour entre les êtres, est à ce titre réconfortant, témoignant de la foi de l'auteur en son prochain.
Bien que parsemé de scènes répétitives (images télés nous montrant la réaction des peuples à l'approche de l'apocalypse, séquences de sermons, notamment), 4h44 l'emporte in fine par son approche intimiste (et donc universelle) de la fin du monde, et par son ultime plan, mariage d'amour et de mort, qui clot cette oeuvre singulière de la plus jolie des façons.