En France, la laïcité est la liberté de croire ou de ne pas croire. Ce souci principal du respect des convictions de chacun a conduit au développement d’une pensée autonome et étonnante selon laquelle « ne pas croire » se revendique comme une religion. C’est du moins ce qu’il faut retenir de la décision surprise de la Cour d’appel saisie du renvoi de l’affaire dite Baby-Loup.
En effet, si l’on s’en tient aux gazettes et au propos de l’avocat de la société, la Cour reconnaît Baby-Loup comme une « entreprise de tendance », en ce qu’elle entend imposer à ses salariés la neutralité religieuse. Pour mémoire, une telle entreprise est une structure à laquelle attachée une doctrine impliquant un parfait respect, si ce n'est en conscience, du moins en comportement du salarié, notion qui ne s’était jusqu’ici appliquée qu’en matière religieuse. C’est donc établi, « ne pas croire » est une religion !
Et tandis que les hérauts de la laïcité-religion se félicitaient de cette décision, un vent fort soufflant des Alpes faisait entendre un autre son de cloche. Un prisonnier obtenait en effet du Tribunal administratif de Grenoble l’annulation de la décision du directeur d’un établissement pénitentiaire refusant de servir des repas halal aux détenus musulmans.
Le 9 novembre dernier, le T.A à la fois enjoignait ainsi l’administration pénitentiaire à respecter le principe de laïcité qui «impose que la République garantisse le libre exercice des cultes» et sanctionnait l’établissement qui méconnaissait les dispositions de l’article 9 de la CEDH, qui protège le libre exercice des cultes.
On attend avec impatience la décision de la Cour de Strasbourg sur le voile intégral, finalement repoussée en 2014, qui arbitrera donc entre le respect de 2 cultes. Une première sans doute.