[Critique] LAST VEGAS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Last Vegas

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jon Turteltaub
Distribution : Michael Douglas, Morgan Freeman, Robert De Niro, Kevin Kline, Mary Steenburgen, Jerry Ferrara, Romany Malco, Roger Bart, Michael Ealy…
Genre : Comédie
Date de sortie : 27 novembre 2013

Le Pitch :
Billy, Paddy, Archie et Sam sont les meilleurs amis du monde depuis l’enfance. Aujourd’hui sexagénaires, ils mènent des vies (trop) paisibles, chacun à leur façon. Billy, le séducteur du lot, refuse néanmoins de vieillir et s’apprête à convoler en justes noces avec une jeune femme de 30 ans son ainée. À cette occasion, le groupe décide de se réunir pour un week-end débridé à Las Vegas, histoire de rallumer la flamme de leur regrettée jeunesse…

La Critique :
À eux quatre, les stars de Last Vegas cumulent 281 années et 6 Oscars (2 pour De Niro, 2 pour Douglas, 1 pour Freeman et 1 pour Kline) ! Des chiffres qui au fond, ne signifient pas grand-chose, mais qu’il est bon de mettre en avant, juste pour souligner l’originalité d’un casting en or massif.
Des acteurs de prestige qui en plus d’avoir accepté de jouer pour Jon Turteltaub, semblent prendre un pied monstrueux. Et au fond, il est là l’essentiel. Après, peu importe les clichés et les intrigues téléphonées, car quand quatre monstres sacrés se la donnent devant l’objectif avec autant de générosité et un plaisir évident, le mieux est d’en profiter à fond les bananes.
Comme les personnages du film en somme, qui ne s’interdisent quasiment rien quand il s’agit de festoyer à l’ancienne, entres potes, dans la ville du péché.

Las Vegas justement, parlons-en deux minutes. Ici, comme souvent, elle tient un rôle primordial. Comme dans Very Bad Things et surtout comme dans Very Bad Trip, qui eux-aussi partaient sur la base d’un enterrement de vie de garçon pour dérouler leur intrigue. Parce qu’il est facile de considérer Last Vegas comme une version gériatrique de Very Bad Trip. Un peu trop facile, même si il est évident que les deux films partagent de nombreux points communs. La picole, les femmes, la localisation ou encore le mariage sont de la fête. Mais le truc, c’est qu’au final, Last Vegas est plus drôle que les trois Very Bad Trip réunis…

Plus drôle et plus touchant aussi. Car si Jon Turteltaub n’est pas un foudre de guerre, il connait son boulot et force est de constater qu’il est chez lui dans la comédie. Davantage que lorsqu’il verse dans l’aventure en tout cas (Benjamin Gates est là pour en attester). Sans en faire des caisses, il applique de bonnes vieilles recettes qui ont fait leurs preuves. C’est parfois un peu gros (lourd), comme quand les pianos se radinent alors que le tonalité se fait plus grave histoire de diluer les rires dans quelques larmes, mais au fond, ça fait partie du contrat. Et encore une fois, ici, l’émotion fait mouche. Elle est sincère, bien qu’illustrée comme dans tant d’autres longs-métrages. Lorsqu’il décide de mettre l’humour en veilleuse, le film en profite pour parler de la vieillesse, au travers des ressentis de cette bande de vieux gamins bien obligés, comme tout à chacun, de composer avec leur âge. Michael Douglas est à ce propos très juste quand il y va de son discours sur le poids des années, lui qui incarne justement une version de lui-même à peine exagérée. La réflexion, grâce à l’interprétation sans faille des ces quatre monuments du cinéma américain, pousse même jusqu’aux conséquences de la perte de l’amour et des regrets et brosse à l’arrivée une authentique et solide ode à l’amitié comme on en voit finalement assez peu sur grand écran.

Les acteurs justement, y sont donc pour beaucoup, bien servis par un script qui sait se focaliser sur les personnages et non uniquement sur des situations éculées. Sous le soleil du Nevada, tous pètent la forme, sans complexe. Morgan Freeman, toujours impérial, s’amuse et nous amuse avec un naturel confondant ; Michael Douglas, toujours à Vegas après avoir incarné Liberace, n’a donc pas à beaucoup forcer pour rendre son personnage, un incorrigible amateur de jeune nymphes, crédible ; Robert De Niro est excellent (ça fait du bien d’écrire une telle chose) et souvent touchant ; et c’est un pur plaisir de retrouver l’hilarant Kevin Kline dans un rôle qu’il rend absolument jubilatoire. Sans oublier Mary Steenburgen, que l’on voit trop peu et qui en jette toujours autant.
Jubilatoire ! Voilà un mot qui s’impose d’ailleurs plus qu’à son tour ! Last Vegas passe comme une lettre à la poste. Voilà un vrai feel good movie. Un film qui fait du bien. Qui colle le sourire un moment après la projection. Voir ces acteurs en totale symbiose, se trémousser au fil d’un scénario ponctué de savoureux échanges et de bons mots furieusement drôles, offre largement de quoi s’amuser. On oublie les facilités, les raccourcis et les clichés et on profite. À l’image de ces quatre amis, en plein baroud d’honneur, pour qui vieillesse ne rime pas avec mollesse, mais plus avec allégresse. Une vraie bonne surprise !
Et puis l’hommage au Rat Pack de Sinatra, Martin et Davis Jr. est très classe !

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Universal Pictures International France