Marie est professeur d'espagnol. Francis, menuisier, est assis à côté d'elle.
Ce jour-là, à l'atelier, chaque participant a reçu un petit objet à partir duquel il était invité à écrire le plus rapidement possible, en captant, sans les évaluer, les premières pensées surgissant en lui. Marie a reçu un banal sac en papier. Francis, à côté d'elle, une noix.
Voici le texte de Marie:
Digression autour d'une noix et d'un sac en papier
Bien sûr qu'à partir de ces deux objets on aurait pu écrire une histoire avec, par exemple, deux personnages que ces deux objets uniraient d'une manière ou d'une autre.
Deux personnages qui pourraient être ces deux arbres qui nous ont donné des deux objets distribués au hasard d'une séance d'atelier d'écriture à partir desquels la consigne exigeait d'écrire. D'écrire ce que nous voulions.
On aurait pu ainsi écrire un conte, une fable, un poème quelque peu surréaliste, un début d'inventaire, un hymne à la nature...Mais d'autres l'ont déjà fait et nous ne sommes ni Charles Perrault, ni Jean de La fontaine, ni Jacques Prévert, ni même José Bové!
On pourrait se demander si c'est un pur hasard que son objet à Lui soit une noix. Lui pour qui laisser sur cette terre le fruit de ses amours semble si important.
On pourrait se demander si c'est un pur hasard que son objet à Elle soit un sac en papier. Un de ces sacs en papier qu'on délivre dans une librairie ou une papeterie: ses magasins préférés.
Ce papier qui est partout dans sa vie. Son travail, ses loisirs. Ce papier qu'Elle aime tant. Lire, écrire, sentir.
Cessons là cette digression. Ce délire sans nom.