Cela fait 10 ans qu'il écume la Chine qu'il connaît désormais en long, en large et en travers. Professeur de français à l'université de Binzhou, Mao est également un grand passionné de l'Empire du Milieu. Son âge ? Il préfère le garder secret et avoue malicieusement qu'on peut l'estimer entre « 35 et 45 ans ». Rencontre avec un globe-trotter libre-penseur.
Mao, peux-tu brièvement nous raconter ton parcours avant ton arrivée en Chine ?
Je suis né à Tananarive, à Madagascar, et c'est d'ailleurs là-bas que se trouve encore mon cœur. Je suis parti pour Montpellier avec ma famille pendant les années lycée. J'ai d'abord étudié dans un lycée agricole, je n'avais pas prévu d'aller plus loin. Puis, l'heure du service militaire est arrivé. J'ai ensuite repris mes études aux Etats-Unis, en Caroline du Nord en histoire de l'Egypte ancienne. De retour en France, j'ai poursuivi jusqu'à obtenir un doctorat en philosophie.
Comment es-tu alors venu jusqu'au chinois ?
Pendant mon doctorat, j'avais un peu de temps libre que je consacrais à l'apprentissage de la langue chinoise. Je crois que c'est la philo qui m'a menée jusque là. Et surtout grâce à un ouvrage de Jean-François Revel et Matthieu Ricard, « Le moine et le philosophe » qui m'a vraiment donné envie d'en savoir plus sur la mentalité de l'Est. En 2003, je me décide donc à partir pour de bon, dans un cadre universitaire tout d'abord.
C'était ta première immersion dans le Pays ?
Non, j'étais déjà allé à Pékin en 2000 lors d'un voyage linguistique de deux mois. Je savais que j'avais quelque chose à faire là-bas mais à cette époque je ne savais pas encore exactement quoi.
La ville de Montpellier est jumelée avec celle de Chengdu à l'Est. Grâce à un concours organisé par la mairie, j'ai obtenu une bourse de 600 yuans pour aller là-bas. Les choses se sont ensuite fait petit à petit.
Pourquoi ne pas être resté à Chengdu ?
J'ai d'abord suivi des cours à Chengdu puis progressivement on m'a proposé d'enseigner, ce que j'ai accepté. Quand on est loin de tout, tout est différent et j'avais envie de découverte. Surtout que changé de lieu et obtenir un nouveau contrat permettait de régler plus facilement la question du visa. Après Chengdu, je suis donc parti à Harbin, dans le Nord. Ensuite, j'ai changé de ville tous les ans. Tous ces changements étaient voulus. Même si parfois c'est la situation qui les a provoqué, j'ai toujours su en tirer avantage.
Quelles sont les trois endroits que tu as préféré ?
En premier, je dirais Ningbo car c'est très propre, riche et développé et il y a peu de monde, en comparaison à d'autres villes chinoises. Ensuite vient Nanjing, la capitale du Sud. C'est très vert, il y a beaucoup de jardins partout et surtout une route qui me fait penser à Montpellier. C'est vraiment magnifique à mes yeux, avec une urbanisation énorme. Puis ce serait Suzhou, proche de Shanghaï car c'est à la fois développé et historique. C'est là qu'il y a le plus de choses à faire.
Qu'est-ce qui t'a donné envie de devenir professeur de français ?
Je ne sais pas pourquoi, mais quand j'étais plus jeune, mon frère me répétait toujours qu'un jour je deviendrai prof. Je crois surtout que je suis passionné par le savoir et j'aime aussi être au contact des gens.
Et n'est-ce pas trop difficile d'enseigner à un public chinois ?
Les chinois apprennent ce qu'ils voient. Au début, c'était un peu difficile de s'adapter car j'avais appris avec une méthode française que je voulais appliquer. Je pensais que c'était vraiment la bonne manière mais en fait c'était catastrophique. Ce que les chinois aiment, c'est l'apprentissage par cœur, apprendre simplement pour passer un examen. Ils ne sont pas intéressés par la connaissance en elle-même. C'est très différent de mon point de vue. Je pense que tout problème a une solution : apprendre aux étudiants à réfléchir, à cultiver la réflexion.
Ce n'est pas justement un peu ambitieux ?
C'est vrai qu'en Chine la réflexion intellectuelle est un peu limitée du fait qu'on ne peut pas parler politique. Mais il faut réussir à poser des questions afin d'activer ce mécanisme de réflexion. L'essentiel, c'est qu'ils comprennent cette méthode. Et je parle simplement pour les élèves spécialistes en langues étrangères car ils peuvent comprendre que nous avons une autre relation à la langue dans notre culture.
Enseigner, c'est donc un métier qui a l'air de te plaire ?
Après 10 ans, je peux dire que j'ai fait le bon choix. Avec l'enseignement, on est jamais loin du savoir. Quand tu enseignes avec passion, c'est un plaisir, c'est la santé ! Au départ, j'étais censé être professeur de philo. Mais la Chine m'a finalement emmené plus loin.
Quels sont tes projets ?
J'envisage de retourner en France à la rentrée prochaine. J'aimerais être professeur de Chinois et continuer à enseigner le français à des étrangers. Je préfère agir dans le domaine que je connais. Pour cela, je dois réviser dur afin de passer le CAPES. Parfois, je me dis que j'ai mes chances. Mais je rentre également pour ma copine. Elle est chinoise et recevra une meilleure formation en France. La dernière raison est également la pression que ma famille me met. Beaucoup de français ne comprennent pas la Chine et ne voit pas cela comme un véritable avenir. Il y a beaucoup de préjugés, dans le bon comme dans le mauvais sens.
Portrait Chinois :
Si tu étais un écrivain ? Ce serait un chinois : Qian Zhong Shu. C'est un érudit, un monument qui a écrit sur les civilisations.
Si tu étais un livre ? Je serais les livres tibétains superposés qui racontent comment vivre éternellement.
Si tu étais une langue ? Le Chinois car en ce moment je dois réviser ! Sinon ça serait le Malais, ma langue d'origine.
Si tu étais une citation ? "Dieu est mort" de Nietzsche
Si tu étais un fruit ? Le raisin, car c'est le Sud, Montpellier.
La saison du kaki Le rêve chinois Une ville qui monte à la tête Promenons-nous dans la ville La boulette du jour num.1Pseudo :
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