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“On n’a pas l’éternité devant nous. Juste la vie”.
L’auteur :
Jeanne Benameur est née en Algérie en 1952. Elle vit à La Rochelle et consacre l'essentiel de son temps à l'écriture.
Elle est l'auteur de sept romans parmi lesquels : Les
Demeurées (Denoël, 2001), Les Mains
libres (Denoël, 2004), et Présent
? (Denoël, 2006), tous repris en poche en Folio. En 2008, elle rejoint Actes Sud avec Laver les
ombres (Babel n° 1021).Elle a aussi publié pour la jeunesse, essentiellement chez Thierry Magnier. Chez Actes Sud :Les Insurrections
singulières (2011) et Profanes (2013)
L’histoire :
Décalé à l’usine comme parmi les siens, Antoine flotte dans sa peau et son identité, à la recherche d’une place dans le monde. Entre vertiges d’une rupture amoureuse et limites du militantisme syndical face à la mondialisation, il devra se risquer au plus profond de lui-même pour reprendre les commandes de sa vie.
Parcours de lutte et de rébellion, plongée au coeur de l’héritage familial, aventure politique intime et
chronique d’une rédemption amoureuse, Les Insurrections
singulières est un roman des corps en mouvement, un voyage initiatique qui nous entraîne jusqu’au Brésil.
Jeanne Benameur signe une ode à l’élan de vivre, une invitation à chercher sa liberté dans la communauté
des hommes, à prendre son destin à bras-le-corps. Parce que les révolutions sont d’abord intérieures. Et parce que “on n’a pas l’éternité devant nous. Juste la vie”.
Ce que j’ai aimé :
Antoine est un être qui ne trouve pas sa place, un homme décalé, obligé de retourner vivre chez ses parents après une rupture amoureuse et des RTT forcés de son usine.
Ce retour aux sources lui permet de faire le point sur ses velléités de rébellion, sur son incapacité à trouver les mots justes dans sa vie personnelle.
Il rencontre une autre vie, Marcel, l’ami des vieux livres, Fatou, la mystérieuse cuisinière du marché et découvre tout un univers différent du sien.
Jeanne Benameur s’est inspirée de la vie des ouvriers d’Arcelor Mittal à Montataire et de ceux de Godin à Guise. Elle les a écoutés, les a aimés, et a souhaité leur consacrer un écrit.
« A l’usine, l’idée de travailler moins, c’est le malheur, la peur de la misère. C’est ancré profond. Finir par tout accepter pour juste pouvoir travailler. C’est ça que je trouve fou. Travailler. Dans n’importe quelles conditions. Elle est là, la misère. Pas dans un portefeuille à plat à la moitié du mois seulement. » (p. 53)
« Ce n’est pas parce qu’on fait tous les jours des gestes simples, toujours les mêmes, que dans la tête, il ne se passe pas des choses complexes. Les rêves ; c’est complexe. Ça vous envoie là où vous ne devriez jamais mettre les pieds. Les ouvriers, on a tort de croire qu’ils ne rêvent que du dernier écran de télé ou du barbecue sur la terrasse du pavillon. J’ai côtoyé ici des gens qui avaient des rêves de fou, ils n’en parlaient pas, c’est tout. J’en suis sûr. » (p. 71)
La première partie de son roman est admirable de simplicité et de maîtrise, Jeanne Benameur nous embarquant avec ses mots dans l'univers bouillonnant d'Antoine, son mal-être nous prend aux tripes et nous revient comme un boomerang en nous poussant à nous interroger sur nos vies bien rangées.
Ce que j’ai moins aimé :
La deuxième partie est beaucoup plus faible, plus banale. Antoine part au Brésil, comme la réponse ultime aux questions qu’il se pose, et tout à coup tout semble résolu ; tout s’accorde, tout concorde dans une fraternité idéale, comme s’il fallait trouver une solution immédiate et rapide à ce mal être ouvrier. La rencontre avec une jeune femme couronnera cette nouvelle vie plongée tout à coup dans la banalité.
Antoine était un être atypique, émouvant au début du roman, il devient un être banal au fil des pages, entré dans le moule d’une vie bien réglée. Il lui manque de l’ampleur, comme s’il avait perdu son ardeur dans sa relation amoureuse.
De fait la mièvrerie frôle les pages, qui s’engluent peu à peu dans les lieux communs.
Un bilan en demi-teinte balançant entre l'emportement enthousiaste du début et la déception liée à la deuxième partie de l'histoire et à sa conclusion...
Premières phrases :
« Il y a longtemps, j’ai voulu partir.
Ce soir, je suis assis sur les marches du perron. Dans mon dos, la maison de mon enfance, un pavillon de banlieue surmonté d’une girouette en forme de voilier, a seule originalité de la rue.
Je regarde la nuit venir. »
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Du même auteur : Profane
D'autres avis :
Les insurrections singulières, Jeanne Benameur, Actes Sud, 2011, 197 p., 18 euros