Comment ça ? T’as pas lu Paradiso ?
Connais pas ! Jamais entendu parler...
Rafael Fauquié a écrit (dans "Escribir la Extrañeza"), Lezama "est un écrivain à la parole gourmande, gonflée d'allusions aux plus extraordinaires phantasmes. Chez lui, le vocable s'enfonce, comme une grande cuiller, dans un bouillon qui contient toutes les saveurs, tous les savoirs, et il réussit à en extraire des gorgées intimement mêlées, qui sont images, qui sont poésie. Lezama est un poète du sensuel; écrivain d'une parole qui est plaisir, qui est délice, qui est plénitude "*.
Je croyais avoir l’estomac solide en matière de belles lettres mais là, j’ai trouvé la pâtisserie très riche et dégoulinante de crème chantilly qui m’a gavée.
C’est beau comme de la poésie mais c’est trop riche. Il faudrait le lire par petit bout. Le problème, c’est qu’il y a quand même, plus ou moins, une histoire et que même en lisant à la suite on arrive déjà pas à suivre. Que faire ?
J’ai pensé à Ulysse qui m’est tombé des mains, à La Recherche qui me tombe régulièrement des mains. Je crois qu’avec ce genre de pièces montées, j’ai trouvé les limites de ma boulimie de littérature. Peut-être faut-il retenter le coup à petite dose comme je le fais parfois pour Proust. Peut-être…
Pour se faire un idée, écoutez José Lezama Lima ou le triomphe du baroque. L’émission commence par un texte extrait du début de Paradiso assez sympa. Baroque, mais aussi onirique, ludique, insolite, poétique, foisonnant, luxuriant, fourmillant... (vers 11:50). Lezama Lima était sans doute un personnage passionnant.
*"un escritor de palabra golosa, henchida de barruntos sobre las más extraordinarias imaginerías. En él, el vocablo se hunde, como inmenso cucharón, en un caldo que contiene todos los saberes y todos los sabores y logra extraer, inimaginablemente entremezclados, bocados que son imágenes, que son poesía. Lezama es un poeta de lo sensual; escritor de una palabra que es deleite, que es placer, que es plenitud."