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Le groupe PSA, constitué des marques Citroën et Peugeot, toujours propriété de la famille Peugeot, est en grandes difficultés depuis plusieurs années. Aux restructurations de chaînes d’assemblage succèdent les mesures d’économies touchant gravement le personnel de fabrication, d’exécution comme d’encadrement, et les rumeurs de plans sociaux manipulés par la direction afin de préparer tous et chacun à des mesures plus sévères encore sans doute déjà programmées.
Depuis quatre ans à la tête de ce groupe emblématique de l’industrie automobile française, un homme : Philippe Varin. Ancien polytechnicien, président du directoire de PSA, c’est lui qui négocie actuellement une augmentation de capital de 4 milliards dans laquelle sont impliqués sont partenaire chinois Dongfeng et… l’Etat, -donc le contribuable !- français. Les craintes quant à l’avenir de ce groupe sont fondées puisque, pour maintenir la tête des actionnaires hors de l’eau, et la survie industrielle, son directoire orienté par Philippe Varin a déjà considérablement réduit les dépenses d’investissement durant le troisième trimestre 2013. Or il n’est pas nécessaire d’avoir chaussé le bicorne noir et porté l’épée pour savoir qu’une entreprise qui n’investit pas, ou pas assez, se condamne à une mort lente, parfois brutale !
Venu de la sidérurgie, cet homme qui a commencé sa carrière chez Péchiney s’est rendu visible dans le monde spéculo-industriel en vendant Corus Steel, au prix fort, au terme d’enchères qui avaient défrayé la chronique, au groupe indien prédateur Tata. L’opération financière avait été saluée. Mais, dans le contexte ardu de la mondialisation assis sur une concurrence effrénée capable d’aller jusqu’au meurtre social pour réussir ses coups, elle était loin des préoccupations ordinaires de production d’une entreprise industrielle.
Aujourd’hui, forcée de constater qu’elle a fait le mauvais choix en embauchant un homme de ferraille plutôt que d’automobile, la famille Peugeot décide de revoir sa copie, d’indiquer la sortie à Philippe Varin, et de confier les rênes de l’entreprise moribonde, dès 2014, à un nouvel expert issu tout droit des couloirs de son rival principal Renault. La manœuvre ressemble fort à une panique de généraux de plomb sur un front enfoncé de toutes parts.
Cette situation prouve, une fois de plus, mais toujours aux dépens du peuple laborieux, que croire au génie des seuls rejetons de prétendues grandes écoles mène plus souvent à la défaite qu’à la victoire !
Monsieur Philippe Varin va donc quitter ses fonctions à la tête du groupe PSA après avoir échoué, selon les spécialistes, et entraîné dans son échec des milliers de salariés, généré des détresses profondes, multiplié les promesses de misère dont il semble ne pas se sentir l’auteur. Pour preuve de son innocence insolemment affirmée par lui, il va se retirer des affaires avec une retraite chapeau d’un montant de 21 millions d’euros versée en rente annuelle, somme intégralement financée par l’entreprise et, semble-t-il, totalement exonérée de charges sociales. Chapeau… l’artiste !
A croire que la famille Peugeot est prête à tout pour envoyer au diable ce grand patron trop encombrant. Prête à tout, surtout à faire passer directement de la poche déjà bien vide du contribuable (vous et moi) à la poche déjà bien pleine de Philippe Varin la participation financière attendue de l’Etat au redressement de l’entreprise !
Nul doute qu’avec un tel pactole, le héros de cette entourloupe pourra se retirer loin des lieux où se développeront les résultats de son court règne à la tête de PSA, à des années-obscurité des tragédies créées par ses décisions. Il ne verra rien des vies brisées, des familles condamnées à la survie, des enfants envoyés dans des zones de non-droit plutôt qu’à l’école, des dépressions nerveuses, de la violence née de l’inactivité forcée, des trafics de tout poil, des suicides… Hors de sa vue les misères d’un peuple inodore, incolore et sans saveur puisque… ignoré !
Avec cette affligeante affaire, la société a une fois de plus sous les yeux la démonstration que la rente de situation n’est attachée qu’à la fonction obtenue par cooptation (synonyme de copinage), certainement pas à la compétence, ni au talent, encore moins à la volonté de travailler ensemble pour gagner ensemble. Une fois de plus, la « France du bas » (si élégamment qualifiée ainsi par un ancien premier ministre) constate les étonnantes aptitudes à la cécité, à l’amnésie, à l’insensibilité de la « France du haut », toutes infirmités présentées par ceux-là mêmes qui en sont atteints comme des qualités indispensables à leur rayonnement.
Fort heureusement, tous les crimes tombent sous le coup de lois nationales ou internationales. Outre ceux, évidents, qui constituent une infraction pénale, passibles des tribunaux ordinaires d’un pays, ceux commis par des groupes, institutions ou Etats sont, depuis l’accord de Londres du 8 mai 1945, jugés, leurs auteurs condamnés par des juridictions internationales dont la Cour pénale internationale. Ils ont été justement baptisés « Crimes contre l’humanité ». C’est le cas de l’assassinat, de l’extermination, de la réduction en esclavage, de la déportation, des persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux. La qualification de « Crime contre l’humanité » exige le constat d’une volonté, d’une intention affirmée d’une discrimination chez son (ses) auteur(s). Ainsi en est-il, par exemple, de l’antisémitisme.
Or, échappent à ces règles et lois nationales et internationales les délits de maîtres de l’économie dont les comportements aboutissent pourtant à de véritables drames sociaux. Où sont les responsables de la catastrophe de Bophal, en Inde, qui a fait plusieurs dizaines de milliers de victimes ? Que devient le maharaja de Florange, à la tête du groupe Arcelor-Mittal ? Que font aujourd’hui les manipulateurs de Good Year ? La liste pourrait être longue ; elle grandit chaque jour nouveau qu’ouvre le calendrier.
Pourtant, ces comportements sont eux aussi volontaires et froidement décidés, résultats d’une intention affirmée : faire le plus vite possible (ici quatre ans !) sur le dos de tous, personnels de l’entreprise et citoyens contribuables, le maximum de profits à distribuer à quelques-uns, quels que soient ce que les militaires appellent les « dégâts collatéraux » ! Et ces stratégies de développement financier, cet oubli programmé de celles et ceux qui, sur le chantier ou à leurs machines, sont à l’origine même des grandes fortunes, aboutissent aux résultats comparables à ceux obtenus par les fous d’un dieu quel qu’il soit, les frénétiques d’une culture exclusive, les obsédés d’une frontière née seulement dans leur délire. Elles aboutissent aux mêmes résultats : ruines individuelles, destruction du tissu social, stérilisation des meilleurs talents, abrutissement de la jeunesse (qui durerait jusqu’à quarante ans !) et mépris de la vieillesse (qui commencerait à quarante ans !), maladies provoquées par la déchéance et la cohabitation quotidienne avec la honte, par l’épuisement, ou (répétons-le parce que notre pays en détient de tristes records) la mort « choisie » (souvenons-nous de France Télécom).
C’est toute la société qui est victime de prédateurs sans foi ni loi, souvent pressés d’aller planquer leur butin dans des paradis fiscaux, qui est exploitée, mise en coupe réglée, saignée à blanc, rognée jusqu’à l’os, qui voit ses enfants sacrifiés, sa culture offerte au mieux payant, ses forces vives manipulées, détournées, retournées contre elle-même par ceux-là, en vertu d’un principe indigne qu’ils appliquent sans sourciller : « Après moi… le déluge ! »
A l’heure où les Restos du cœur redoutent de dépasser le million d’assistés durant la nouvelle saison froide, où les pouvoirs publics appellent avec raison à la solidarité nationale, où les élus de la Nation sont pris à la gorge par une dette publique incompressible qui rend le pays ingouvernable, où des légions de bénévoles manquent de moyens pour tenter de limiter les dégâts provoqués par quelques fanatiques du libéralisme économique, où explose le nombre des détresses et des suicides, nous pouvons légitimement nous demander pourquoi ces délinquants en col blanc, ces navigateurs internationaux de la finance, ces spécialistes de la spoliation des humbles, présentés par le monde anglo-saxon notamment comme des modèles de réussite, ne tombent pas sous le coup des lois.
L’évidence est là : ils jouent entre eux dans une cour de non-droit. Aucun texte réglementaire ne leur interdit de commettre ces actes délictueux.
Mais, ce constat est à mettre à l’actif de l’affaire PSA-Varin : le tragique de notre temps nous indique que nous touchons au terme de ces jeux criminels.
Il est urgent, maintenant, aujourd’hui, ce soir, de doter notre humanité d’un arsenal juridique qui permettra, sinon de mettre hors d’état de nuire les délinquants économiques et financiers et les prédateurs internationaux, au moins de les contraindre à recouvrer la vue, l’ouïe, le cœur et, avec le sens de l’honneur, les voies du respect de l’autre.
Il est urgent de créer la notion de « CRIME CONTRE LA SOCIETE » !
Que ces gens-là et leurs complices, les généreux donateurs de retraite chapeau et leurs bénéficiaires, sur plainte de leurs victimes ou de l’Etat, soient jugés par des représentants des peuples, qu’ils aient à rendre des comptes, qu’ils justifient l’emploi des royaux profits réalisés sur le dos de leurs sujets d’un nouveau genre. Qui, par exemple, savait hier encore que l’ « exemplaire Allemagne » n’a pas de salaire minimum obligatoire, que nombre des ses entreprises paient leurs salariés deux ou trois euros de l’heure, et que, si certains y roulent en berlines de grand luxe, des millions d’autres n’ont pas de quoi s’y offrir un vélo ?
Comme, autrefois, en matière de « Crimes contre l’humanité », L’Europe peut devenir, aujourd’hui, l’inspiratrice d’une telle révolution pacifique.
Qu’il devienne impossible de quitter un fauteuil doré, les poches pleines de 21 millions d’euros, après avoir laissé mettre à mal la société, par voie de conséquence, ruiné celles et ceux qui, par leur travail quotidien, ont gagné cet argent, serait maintenant la preuve de la réelle suppression de l’esclavage, celle aussi de la vraie modernité humaine substituée à la primitive loi de la jungle… une exigence absolue !
Plutôt que la TVA sur les heures de poney dans les centres équestres, les instances européennes ont là LE chantier d’avenir à ouvrir. Pourront-elles… oseront-elles le faire ?
C’est à nous, citoyens électeurs, de l’exiger !
Salut et Fraternité.