Courant septembre 2012, l’archevêque de Malines-Bruxelles, Monseigneur Léonard, a fait paraître La Divine Tragédie – libre parcours dans la foi chrétienne, (Editions Fidélité) petit conte philosophique destiné à présenter avec simplicité le cheminement de la pensée vers Dieu, sans se départir d’un esprit ludique.
L’exercice souhaite tirer profit d’une « extase philosophique » (p.32) en se déjouant de l’aridité d’une discipline elle-même déjà bien âpre ; l’auteur met à la portée de tous des problèmes fondamentaux, au point qu’il peut être accessible à un public peu épris de métaphysique.
Dans la droite ligne de l’année de la foi, il est assez déconcertant en effet de voir combien les aspirations de l’ancien pontificat de Benoît XVI rejoignent l’esprit de cette friandise philosophique.
Une apologie fides et ratio par le biais du conte philosophique
Le conte n’est pas dénué de technicité et n’hésite pas à aborder la philosophie jusque dans ses questions les plus attendues ; Monseigneur Léonard oeuvre pour une apologie fides et ratio par le biais du conte philosophique, tâche pour le moins délicate – le propos aurait pu s’avérer pompeux mais, fort heureusement, un humour naïf offre au texte un souffle léger, lui-même généreux en révélations intérieures. Jeune étudiant, Théophile approfondit ce qui demeure en lui des zones d’ombre et le lecteur peut volontiers adhérer à ses interrogations existentielles puisque l’auteur, non sans habilité, a choisi un personnage détaché du monde religieux.
Une pensée se déploie par étapes, investie d’une portée hégélienne, laquelle bouscule ce texte déroutant à bien des égards. Ce qui intéresse particulièrement l’auteur est l’Esprit qui travaille de plus en plus notre Théophile à la recherche de sens.
La Divine Tragédie renvoie à « l’optimisme tragique » qui définissait le christianisme selon Emmanuel Mounier ; optimisme en raison de sa foi viscérale en l’homme, tragique par son itinéraire inévitable. De fait, La Divine Tragédie
« n’est pas un film hollywoodien où le happy end est garanti d’avance. » (p.74)
Le péché méta-historique
C’est l’occasion de s’arrêter sur une réalité enracinée en l’homme, véritable mystère de vie : le péché originel. Monseigneur Léonard en profite pour développer une de ses thèses théologiques de prédilection, à savoir le péché méta-historique qu’il présentait déjà dans Les raisons de croire, et qu’avait critiqué Jean-Michel Maldamé dans son essai Le péché originel lequel s’articule selon une chute d’avant notre monde de la durée présente. Outre ce problème capital qui divise encore bien des théologiens, le lecteur peut rencontrer quelques références en cours de route ou des leçons à retenir :
« Parce que Dieu est autosuffisant [il] peut être vraiment généreux. Et c’est cette transcendance même qui fonde la consistance des créatures. » (p.43)
Le parcours de Théophile illustre la volonté d’arracher le christianisme de la gangue culturelle dans laquelle il ne cesse de s’enliser pour la convertir en vie chrétienne accomplie. Cela traduit chez Monseigneur Léonard son combat d’aujourd’hui qui nous invite à vivre littéralement cette aventure humaine dans le Christ.
La Belgique, un terrain hostile
Il faut ici rappeler combien Monseigneur Léonard affronte un terrain hostile en Belgique, tant du côté du monde (cf les hystériques femen)… que du côté de l’Eglise elle-même (quel homme d’Eglise a pu soutenir Monseigneur Léonard après ces incidents malheureux ?). En dépit de ces difficultés, son action apostolique continue d’être menée avec audace et fermeté ; que l’on se souvienne de son invitation du père Michel-Marie Zanotti-Sorkine à Koekelberg-Bruxelles, le samedi 9 mars de cette année, dans le cadre d’un grand rassemblement qui réunit jusqu’à 3 000 personnes à la basilique nationale du Sacré-Coeur, pour la conversion du coeur et la guérison de l’humanité.
Dans cet esprit, son apologie parfois truculente ne se veut pas dogmatique mais accueillante, amoureuse de la raison.
Une redoutable humilité
Vadémécum de toutes les questions centrales du christianisme, La Divine Tragédie est un jeu de piste qui entend associer intelligence et gaieté en abordant des réalités graves, à l’image de ce que fut le pontificat de Benoît XVI : une redoutable humilité.
Pour se procurer l’ouvrage
Monseigneur Léonard, La Divine Tragédie – libre parcours dans la foi chrétienne, (Editions Fidélité), 2010