Les garçons et Guillaume, à table ! de et avec Guillaume Gallienne

Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : « Les garçons et Guillaume, à table ! » et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : « Je t’embrasse ma chérie » ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.

Les Garçons et Guillaume, à table ! est l’adaptation cinématographique de la pièce de théâtre éponyme écrite et jouée par Guillaume Gallienne. Il signe là une première réalisation très réussie et une performance d’acteur assez étonnante.
Il a réussi en effet à retranscrire sa pièce à l’écran avec succès. On le voit d’abord du scène puis le film devient une succession de vas et viens entre les souvenirs de l’acteur et quelques morceaux de sa pièce de théâtre. Sur scène, il est filmé de près, son visage traduit l’émotion, le stress mais aussi le bonheur de jouer, d’incarner. Incarner sa mère surtout car dans son film Guillaume Gallienne joue à la fois son propre rôle, à plusieurs âges, afin de retracer une bonne partie de sa vie mais aussi le rôle de sa propre mère. Et le résultat est bluffant. Le travaille de maquillage y est certes pour beaucoup (4 heures pour chaque séances de tournage) mais c’est surtout que Guillaume a passer sa vie, ou tout du moins une bonne partie à imiter sa mère, à tenter de lui ressembler, à la mimer. Ses gestes, sa voix, ses expressions… Et c’est réellement bluffant , à tel point que même ses proches s’y méprennent. Et c’est d’ailleurs là tout le coeur du film.
Celui-ci nous explique pourquoi Guillaume a passer tant d’années à incarner sa mère.
Très différent des « mâles » de sa famille, Guillaume comprend très vite qu’il ne parviendra pas à égaler leurs prouesses sportives ni à faire preuve de la moindre masculinité. Peut-être comprend-il que sa mère aurait voulu une fille. Alors il devient cette fille, il se persuade qu’il est comme sa mère. Et il lui faudra attendre l’adolescence et quelques souffrances pour prendre conscience qu’il se trompe.
Dans sa pièce et dans le film Guillaume Gallienne exorcise ainsi ses démons. Les humiliations qu’il a connu étant enfant, l’incompréhension de son père, le caractère difficile de sa mère et l’admiration qu’il a néanmoins pour elle, sa longue, très longue recherche d’identité sexuelle. Il y a au fond une réelle souffrance, une réelle tragédie dans son histoire mais il parvient à en rire et à nous faire rire avec lui. Les anecdotes sont drôles sans rien enlever de l’empathie que l’on ressent pour l’acteur.
J’ai adoré tout le passage qui concerne l’Espagne. Les acteurs qui accompagnent Guillaume Gallienne sans à la hauteur de son talent.
Une comédie sensible et décomplexée sur une vie atypique.