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SOCIÉTÉ > Prostitution : Le gouvernement balaie son coin de trottoir

Publié le 27 novembre 2013 par Fab @fabrice_gil
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La proposition de loi visant à sanctionner les clients de prostituées sera votée dans une semaine à l’Assemblée Nationale. Un texte qui divise.
Le texte qui sera examiné aujourd’hui ou vendredi propose de punir l'achat d'actes sexuels d'une amende de €1 500, doublée en cas de récidive. Alternative à l'amende ou sanction complémentaire, un "stage de sensibilisation à la lutte contre l'achat d'actes sexuels" est prévu.
Division dans les rangs de l'Assemblée - Le PS votera majoritairement "pour", l'UMP hésite encore, chez les écologistes on est "plutôt contre" et l'UDI laissera ses parlementaires libres. 120 députés socialistes ont co-signé la proposition de loi, mais la porte-parole Annick Le Petit a reconnu "des débats au sein de son propre groupe". Du côté d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) "on voit bien que cette loi pose problème dans tous les partis puisque les divergences d'opinion sur ce sujet sont transversales", a reconnu la co-présidente du groupe Barbara Pompili.
Au-delà du "Manifeste des 343 salauds" contre les lois anti-prostitution, lancé par le magazine Causeur, et signé par de nombreuses personnalités, certains intellectuels aussi sont divisés. La philosophe Elisabeth Badinter, estime dans un entretien au Monde (20/11/13), que "l'État n'a pas à légiférer sur l'activité sexuelle des individus", et "regrette qu'on n'entende pas davantage les prostituées" dans ce débat. Pour la philosophe, la pénalisation des clients, "c'est la prohibition. Je préfère parler de prohibition plutôt que d'abolitionnisme, car c'est l'objectif des auteurs de la proposition de loi", affirme-t-elle. "Sous prétexte de lutter contre les réseaux, c'est la prostitution qu'on veut anéantir. L'État n'a pas à légiférer sur l'activité sexuelle des individus, à dire ce qui est bien ou mal", insiste-t-elle. Enfin Madame Badinter "n'arrive pas à trouver normal qu'on autorise les femmes à se prostituer, mais qu'on interdise aux hommes de faire appel à elles. Ce n'est pas cohérent et c'est injuste".
Pour le psychiatre Serge Héfez, ce débat ressemble plus à un "dialogue de sourds", expliquait-il dans l'une de ses chroniques la semaine dernière sur France Inter. Il y a une "coexistence des situations hétérogènes avec des très jeunes femmes qui sont obligées, par l'intermédiaire de réseaux mafieux, de multiplier les passes dans des conditions catastrophiques d'hygiène." Et d'autres femmes, bien moins soumises, qui écoutent leurs clients "avec un rapport d'empathie et de sympathie." "Pénaliser les clients est un leurre, mensonger, dangereux et inefficace", estime le médecin, qui prévient : "Quand les  clients sont poussés à la clandestinité, les prostituées le sont d'autant plus."
Pour l'OMS, la pénalisation de la prostitution nuit d'ailleurs à la santé de celles qui la pratiquent."Qu’ils soient victimes ou pas de la traite d’êtres humains, les travailleurs du sexe sont  très exposés à la violence physique et sexuelle, en particulier quand ils travaillent dans l’illégalité", note l'organisation mondiale de la santé dans un de ses rapports.
Selon l'exposé des motifs de la proposition de loi, quelque 20 000 personnes, dont 85% de femmes, se prostituent en France, 99% des clients étant des hommes. Parmi les prostituées, le taux d'étrangères est passé de 20% en 1990 à près de 90% de nos jours, la plupart venant de Roumanie, de Bulgarie, du Nigeria et de Chine.F/G

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