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[critique] Zulu : critique et rencontre avec l'équipe

Par Vance @Great_Wenceslas

Le nouveau film de Jérôme Salle a eu l'honneur d'être projeté lors de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes. Il s'apprête à débarquer sur nos écrans le 4 décembre. Adapté du célèbre best-seller de Caryl Ferrey, Zulu est un projet ambitieux, loupant de peu le grand film car n'approfondissant pas certaines pistes pourtant passionnantes. Il reste néanmoins un très bon thriller avec un duo d'acteurs méconnaissables, dont la relation s'avère captivante. Nous avons eu le plaisir de rencontrer Jérôme Salle, accompagné par son monteur Stan Collet et du scénariste Julien Rappeneau.

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Jérôme Salle le dit lui-même : Zulu est le film dont il est le plus fier, celui « qui ressemble le plus à ce qu'il souhaite faire en matière de cinéma ». Le réalisateur de Largo Winch et de Anthony Zimmer (The Tourist), habitué à tourner à l'international, semble plus que jamais impliqué dans ce projet qu'il qualifie de « plus personnel », frustré par son précédent long- métrage « qui ne lui ressemblait pas ».

Sollicité par son agent à Los Angeles pour mettre en scène principalement des scenarii de « revenge movie », Salle se voit confier l'adaptation du livre de Ferrey par son producteur Richard Grandpierre, qui venait d'acheter les droits. Zulu prend le contre-pied total de ces histoires de vengeances qui ne l'inspiraient guère en abordant la thématique du pardon, dans un pays marqué par l'apartheid.

Attiré par ce « pays que l'on ne voit pas si souvent », Jérôme Salle évoque les conditions d'un tournage en réel, notamment dans les townships où l'encadrement de l'équipe était primordial. Se voulant comme un « film sud-africain » et qui « puisse être vu par le public du pays », le réalisateur a privilégié l'emploi d'acteurs locaux (notamment Randall Majiet, un ancien membre de gang, alors en centre de réhabilitation et qui depuis cette expérience a décidé de continuer dans cette voie).

Cette recherche de l'authenticité se traduit à l'écran par la sensation que l'Afrique du Sud est un personnage à part entière. Le pays est indissociable de l'intrigue, son ombre plane au-dessus de chaque événement, de chaque protagoniste, à l'instar du duo de flics portant « la responsabilité du poids de leurs ancêtres ».

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Malheureusement le film manque de profondeur et certaines sous intrigues du livre se sont vues coupées pour ne pas alourdir l'enquête en elle-même. Le contexte est pourtant tellement intéressant ! Il est dommage que le propos « social » ne soit qu'effleuré. En occultant une grande partie des raisons qui donnent son titre à l'histoire, Salle passe à côté d'un très grand sujet, et par conséquent d'un très grand film.

Il n'en demeure pas moins un bon thriller, très captivant. Si le background des flics n'est que légèrement abordé (on aurait tellement apprécié en savoir plus sur l'enfance du personnage d'Ali !), la complicité entre Orlando Bloom et Forest Whitaker fait des merveilles. Le duo fonctionne vraiment bien, d'autant que l'on ne les voit finalement pas spécialement souvent réunis à l'écran. Mais leur relation semble évidente.

L'interprétation de Forest Whitaker est bien entendu formidable, comme d'habitude, dans le rôle de « ce personnage hors norme ». Le réalisateur exprimant à juste titre que ce grand acteur « n'a pas toujours eu les rôles qu'il méritait ». Mais c'est Orlando Bloom qui surprend. L'acteur profite de ce rôle pour changer son image encore trop lisse. Jérôme Salle nous confie qu'il a décidé de choisir un comédien « qui n'avait encore jamais joué dans ce genre de rôle ». En effet le personnage de Brian étant finalement décrit comme un flic « cliché », le défi était de trouver un acteur capable d'éviter de « tomber dans la caricature ». Extrêmement préparé par un entraînement assez intensif, Orlando Bloom étonne par sa carrure (il a pris du muscle pour ce tournage…) et par son accent Sud-Africain, mais c'est sa propre histoire personnelle qui le lie si profondément au film : son beau-père n'était autre qu'un militant très connu de la lutte contre l'apartheid.

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L'enquête se suit ainsi avec beaucoup d'intérêt, malgré les regrets de ne pas avoir une histoire plus complexe (il y a quelques raccourcis vraiment trop faciles). La violence - volontairement moins excessive que dans le livre - n'est pas évacuée, elle est frontale, malgré un réalisateur qui « n'aime pas que les spectateurs se sentent prisonniers de l'image ». La scène de la plage - qui marque un tournant dans le scénario - est notamment particulièrement marquante. Zulu est un film « âpre », inconfortable, avec une image terne. La dernière séquence tranche radicalement avec le reste du métrage, à la fois émouvante (pour peu que l'on ait accroché à ce qui précède), presqu'onirique, et tragique. Cette séquence nous fait encore plus regretter les quelques faiblesses d'écriture des personnages.

Au final, le film de Salle est un honnête thriller, très très plaisant à voir grâce à son duo d'acteurs épatants, mais qui passe – consciemment - à côté d'une partie de son sujet. Un bon divertissement.

Ma note (sur 5) :

3,5


 

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Titre original

Zulu

Mise en scène 

Jérôme Salle

Date de sortie France 

04 décembre 2013

Scénario 

Julien Rappeneau & Jérôme Salle, d'après l'œuvre de Caryl Ferey

Distribution 

Forest Whitaker & Orlando Bloom

Musique

Alexandre Desplat

Photographie

Denis Rouden

Support 

35 mm / 110 min

Synopsis :Dans une Afrique du Sud encore hantée par l'apartheid, deux policiers, un noir, un blanc, pourchassent le meurtrier sauvage d'une jeune adolescente. Des Townships de Capetown aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser la vie des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs.


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