On pourra multiplier les graphiques, il y a en fait deux réalités qui dominent.
1. Les prélèvements obligatoires sont plus élevés en France qu'ailleurs dans l'OCDE. On sait pourquoi même si on fait mine de ne pas le savoir. Aux Etats-Unis, Barack Obama bataille encore pour instaurer son programme d'assurance maladie pour tous. Voilà où ils en sont, là-bas.
2. Plus on est pauvre, plus on est taxé. C'est factuel, prouvé, établi: "Il y a trop de taxes et pas assez d’impôts" a très justement expliqué Thierry Lepaon.
La grande remise à plat suscite des vocations. Tout ce que la France compte d'éditocrates assène ses propositions pour réformer les impôts des autres.
Le coup de gueule du jour, ce mardi 26 novembre, était pour Thierry Lepaon, le patron de la CGT. Il était furibard de la sortie de Michel Sapin, ministre du Travail, sur la CSG que ce dernier souhaiterait "progressive". Sapin était sur RTL et Lepaon avait raison sur un point essentiel: qu'on laisse cette remise à plat se dérouler:
"Il faut que Michel Sapin s’occupe de ses affaires (...). Je trouve un peu dommageable que, (alors) la consultation n’a pas encore commencé (...), déjà des ministres se positionnent. (....) Aujourd’hui le Premier ministre a engagé une réforme fiscale, il faut que nous puissions aller au bout sans rajouter tous les matins de la confusion à la confusion. Il est temps que chacune et chacun soit bien dans ses responsabilités."Lepaon avait d'autant plus raison que l'idée de Michel Sapin est potentiellement "explosive", comme le titrent les Echos dès le lendemain.
Michel Sapin est un "Hollandais" historique, un fidèle du patron. Que comprendre de cette initiative "individuelle" ?
Est-ce un rééquilibrage brutal et soudain ? La réforme fiscale est l'un des sujets les plus lourds du quinquennat. C'est Ayrault qui s'y colle, retour évident à la logique institutionnelle initiale.
D'autres voient dans l'opération une tension entre le président et son premier des ministres. La chose a existé de temps à autre sous tous les présidents. Mais là, on pensait le tandem accroché et solidaire. A l'Elysée, on dément tout frottement. Tout juste concède-t-on qu'on n'a pas apprécié l'annonce officieuse mais prématurée du départ des directeurs du Trésor et du Budget.
"J'ai lu… Qu'est-ce que c'est que cette histoire? Qui a parlé? C'est toi, tes proches?" Hollande à Ayrault.Hollande contre Ayrault ? L'hypothèse est séduisante.