Dans ce récit qui mêle habilement horreur et grotesque, Richard Guérineau (« Chant des Stryges ») raconte les deux dernières années du jeune monarque, de la nuit de la Saint-Barthélemy jusqu’à sa mort au château de Vincennes. Découpé en vingt courts chapitres, l’album accompagne cet homme qui sombre progressivement dans la folie, rongé par la culpabilité d’avoir donné l’ordre de tuer des milliers d’innocents sous la pression de ses conseillers et de sa mère, Catherine de Médicis. S’appuyant sur les rumeurs de l’époque et multipliant les anecdotes, comme celle du poisson d’avril ou du muguet du premier mai, l’auteur accompagne les émotions de ce personnage parfois euphorique et souvent dépressif, qui s’avère incapable de gérer la pression et qui croule sous le poids des responsabilités. La mise en images de cette déchéance progressive est assez classique, mais l’auteur surprend en variant les styles en cours de récit, tout en rendant hommage à quelques grands noms du neuvième art, tels que Peyo (avec une revisite de sa célèbre série Johan et Pirlouit) ou Morris (avec une reprise de la couverture de « Western Circus »).
Une très bonne surprise !