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Didier Calvet, Président de l’Association pour la création littéraire chez les jeunes : "Merci, votre opinion nous a grandement éclairés"

Par Dedicaces @Dedicaces

Didier Calvet, Président l’Association pour création littéraire chez jeunes

Voici, de gauche à droite, dans les photos publiées plus haut, la liste des invités convoqués par Les Éditions Dédicaces sur la Place Publique du Salon du livre de Montréal lors d’une Table ronde sous le thème: "Les Éditions Dédicaces à l’ère du numérique" à l’Agora du Salon du livre de Montréal, samedi le 23 novembre de 10h45 à 11h30 : Denis-Martin Chabot (Auteur et journaliste à Radio-Canada) ; Didier Calvet (Président fondateur de l’Association pour la Création Littéraire chez les Jeunes) ; Guy Boulianne (PDG, Éditions Dédicaces) ; Simon Dulac (Imprimerie SoBook) ; Dominique Lemieux (Directeur général, Librairies Indépendantes du Québec).

De notre côté, nous voulons offrir à des personnes et à des organismes que nous rejoignons avec le bulletin, l’occasion d’exprimer leur point de vue.  Plusieurs nous ont proposé leur vision sur les enjeux de l’édition et sur la diffusion des livres à l’ère numérique. Voici quelques témoignages :

«Lire est une expérience qui implique d’autres sens que la vue.  Le contact avec le livre est particulier.» Nous qui avons cette expérience, nous les aînés, nous savons ce que c’est que de manipuler un livre, à plus forte raison quand on en a publié. Nous savons que chaque livre a une odeur, une histoire et qu’il évoque pour nous des plaisirs visuels, olfactifs et presque charnels en tournant les pages d’un ouvrage offert par notre grand-père il y a de nombreuses années. Mais les temps changent de plus en plus vite et lorsque je vois mon petit – fils de quatre ans manipuler une tablette numérique, je sais qu’il ne va pas goûter à ces plaisirs que nous partageons encore, «nous les vieux».

L’accès à la connaissance des plaisirs du beau littéraire change. Ce qui ne change pas, c’est l’art de nous informer, de nous émouvoir. Les mots gardent leur puissance évocatrice, même si le support change.

Là où l’on peut voir un effet pervers, c’est dans l’écart qui s’amplifie entre la qualité d’écriture, qui devient de plus en plus fonctionnelle, abrégée au point de devenir un métalangage et celle des écrits publiables.  Il y a aussi, dans cet accès au contenu «tout de suite, maintenant», une banalisation de l’écrit, une banalisation de tout l’effort avant d’en arriver à un document publiable. Lorsqu’on allait dans une bibliothèque acheter un livre, on déboursait une somme qui correspondait généralement à nos attentes et on le dégustait jusqu’à la dernière page. Aujourd’hui, on télécharge et, souvent, on lit les premières lignes du document et, insatisfait, on passe à autre chose.

Nous sommes aujourd’hui inondés de contenu et il est de plus en plus difficile de faire des choix. Les éditeurs impriment de plus de plus en plus et les livres deviennent «des produits périssables» davantage chaque jour. La valeur d’un livre se calcule, avant tout, sur l’accès aux médias pour en faire la promotion ainsi que sur l’effort pour que «tout le monde en parle» dans les réseaux sociaux, ce qui va engendrer des ventes quelle que soit la valeur réelle du contenu proprement dit. Cela va s’amplifier avec l’accès au contenu sur un support numérique.

Le numérique est là pour rester et comme le dit la sagesse populaire «On n’arrête pas le progrès».  Les éditeurs de livres, de musique ou de films essaient de s’opposer davantage au numérique plutôt que de l’intégrer correctement dans leurs pratiques commerciales. Pourtant, depuis une vingtaine d’années, l’informatisation a grandement facilité et  démocratisé la production des livres : rédaction, révision du manuscrit, mise en pages, etc.

Aujourd’hui, l’existence de ces techniques de production et de diffusion permet à une seule personne d’écrire un livre, de le mettre en pages, de l’enregistrer en divers formats et de le distribuer par Internet, sans avoir besoin d’aucun collaborateur. Maintenant, une seule personne peut remplir les rôles d’auteur éditeur-correcteur-graphiste-typographe-imprimeur-distributeur-libraire !

Par ailleurs, l’impression à petit tirage est moins onéreuse avec l’amélioration de l’impression numérique. D’un autre côté, pour une maison d’édition, le choix d’une distribution sous support virtuel diminue les coûts d’impression et de distribution… Les prix de vente des livres électroniques sont moindres que ceux des livres papier, mais toutefois, il semble bien que la marge bénéficiaire soit plus grande.

Vendre un livre numérique, presque au même prix que le livre papier (même raisonnement pour la musique et le film) ce n’est pas s’adapter au numérique. Le pire, c’est qu’à ce niveau, les profits sont gros, mais la portion de l’auteur elle, ne monte pas. Dans un univers de livre numérique, l’auteur ne peut plus se contenter de 10 % du prix de vente et cela, les éditeurs ne veulent pas l’entendre. Marie Laberge, auteure très populaire au Québec, a sonné l’alarme en voulant sortir de l’exploitation de ses livres numériques par les éditeurs traditionnels.

Le clivage du livre vers le support numérique est surtout un problème au niveau des libraires. Le numérique est inéluctable et le monde de l’édition a du mal à faire le pont entre Gutenberg et Google, entre l’écrit et le multimédia.

La structuration de la pensée chez les jeunes ne se fait plus aujourd’hui sur les mêmes bases et le numérique leur ouvre les portes d’un monde immensément plus vaste sans limite d’espace et de temps, à condition que les éducateurs et les enseignants soient prêts à les accompagner. Ce qui n’est malheureusement pas le cas, le plus souvent, à cause d’un système éducatif et d’un contenu pédagogique qui roulent encore tirés par des chars à boeufs.

Mais que deviendra l’industrie du livre? Elle préfère demeurer dans l’acharnement thérapeutique plutôt que de renaître de ses cendres toutes virtuelles, à l’affut du support des multimédias, respectueuse d’un contenu immensément plus vaste, mais dont il faudra effectivement repenser la valeur monétaire de l’effort de chaque participant à sa réalisation.

Le paradigme traditionnel de la production et de la diffusion de livres est donc maintenant, pratiquement chose du passé. Le nombre de librairies diminue déjà, les imprimeurs auront plus de difficultés à survivre.

Malheureusement, ces nouvelles technologies compliquent et alourdissent l’acte de lire. Un livre imprimé est un objet autonome, qui ne demande qu’une énergie minimale externe pour être utilisé et ce, même sans électricité : une simple bougie… le soleil… suffisent. Ce qui est plus simple que la liseuse ou la tablette qu’il faut acheter à bon prix et qu’il faut sans cesse rebrancher !

Les temps changent, il faut suivre ces nouvelles voies qui démocratisent la rédaction et la diffusion des écrits.

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Didier Calvet, Président fondateur
Association pour la Création Littéraire chez les Jeunes


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