Dès leurs débuts de carrière, les policiers font preuve de zèle à cause de la compétition faisant rage au sein ET entre des départements / commissariats d'autant plus tenus de faire « du chiffre » lorsque les budgets publics fondent comme une peau de chagrin. Dès lors, les forces de l'ordre ont moins vocation à sécuriser les rues qu'à crever des plafonds statistiques. Il en est ainsi aux Etats-Unis et, à divers degrés, dans maints états d'Europe, d'Amérique latine, d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie. Le Canada, les pays scandinaves, la Nouvelle-Zélande et le Japon – pour ne citer qu'eux – figurent parmi les exceptions.
Le citoyen parfaitement innocent n'étant plus à l'abri de la rapacité policière – peu ou prou nuisible aux libertés individuelles, Carson prodigue quelques précieuses recommandations en vue d'échapper aux griffes de l'uniforme.
1. Soyez aussi secret ou anodin que possible.
Commettez donc vos délits et quasi délits à domicile afin d'éviter tout profilage... et fumez votre joint dans votre canapé ! Cette règle s'applique également à vos comportements et activités certes légales mais susceptibles d'attirer l'attention.
L'autocollant feuille de cannabis sur le pare-brise, la clinquante et vrombissante voiture de sport, une voix véhémente et agressive ou un autoradio au volume trop élevé ne sert pas vos intérêts. Préférez donc une Golf noire ou une Toyota Yaris bleue flanquée d'un autocollant de votre club de foot préféré ou d'un autoradio de bonne facture offrant une qualité d'écoute à volume modéré.
2. Évitez tout changement brutal d'attitude.
Le quotidien très routinier d'une patrouille de police génère un effet pervers : les officiers deviennent extrêmement sensibles à tout changement soudain de comportement, de direction ou de vitesse d'un piéton ou d'un automobiliste.
Maintenez le cap / le rythme. Évitez un freinage ou un arrêt prononcé et ne marchez pas / conduisez pas trop lentement ou trop vite lorsqu'une patrouille ou un officier vous « colle au train ».
3. Transformez votre angoisse en force tranquille.
L'interaction visuelle et verbale avec un officier de police relève à la fois d'une bataille psychologique et d'un jeu d'infrasignaux corporels dans lequel il faut savoir reculer pour mieux avancer.
Au cas où un policier vous bousculerait par inadvertance (et vice-versa) dans un fast-food où à la sortie d'un magasin, ne vous fondez guère en excuses serviles. Emettez plutôt un « excusez-moi » rapide et vaquez aussitôt à votre occupation. Feignez l'indifférence en cas de provocation verbale (propos plus ou moins raciste / sexiste / homophobe) ou corporelle (poussée brutale des deux mains sur votre poitrine) .
Un contrôle d'identité peut être très offensant mais une arrestation ou une garde à vue est véritablement humiliante. Il convient donc de maintenir le contact visuel, de conserver un regard stable et d'être toujours courtois. À moins d'être un as de l'intox et de la manipulation psychologique muni d'alibis en béton, évitez de mentir et dites sobrement la vérité... très souvent plus simple à déployer et à vérifier qu'un mensonge sur le vif.
En plus clair, perdez la bataille psychologique pour mieux gagner la confiance et la paix.
4. Composer avec le profilage social/racial
Afin d'optimiser leur profilage, la police use effectivement et énormément de stéréotypes.
Aux yeux d'une patrouille de police, trois ou quatre (jeunes) mâles Noirs / Arabes circulant à bord d'un véhicule aux heures nocturnes dans un quartier résidentiel (en Europe de l'ouest / aux Etats-Unis) = peut-être des des gangsters ou des cambrioleurs = contrôle d'identité musclé ! À titre de comparaison, quatre femmes Blanches dans la même situation n'attirent aucunément l'attention des officiers : il s'agit très probablement de copines allant ou revenant de soirée.
En cas de contrôle d'identité, gardez vos mains sur le volant et respectez les consignes précédentes. Au cas vous devriez présenter les documents de votre véhicule conservés dans la boîte à gants, faites préalablement et poliment part de vos intentions aux officiers... afin de briser leurs stéréotypes et leurs préjugés.
Last but not least. Dans tous les cas, ne souriez jamais. Selon Carson, « les policiers détestent les sourires […] et vous testent en permanence ».