Réforme fiscale : au secours, le mensonge Piketty est de retour !
Publié Par Frederic Georges-Tudo, le 26 novembre 2013 dans FiscalitéPour justifier sa fameuse « remise à plat fiscale à prélèvements obligatoires constants », le gouvernement n’hésitera pas à brandir la mystification consistant à faire croire que les riches paient moins d’impôts que les autres. Échafaudé en 2011 par l’économiste Thomas Piketty, cet argument est d’autant plus redoutable que tout le monde (ou presque) le croit avéré…
Frédéric Georges-Tudo.
La vérité rétablie dès 2011
C’est pourtant faux et archi faux. Le caractère scientifique de la démonstration n’est qu’un écran de fumée destiné à masquer une « magnifique » mystification. Même en se basant sur les données statistiques fournies par l’économiste, il apparaît en effet de manière incontestable – et d’ailleurs jamais sérieusement contestée par le principal intéressé – que la régressivité française de l’impôt relève du fantasme égalitariste. Rendons grâce aux travaux de l’institut IFRAP qui ont permis de révéler la supercherie dès 2011. De manière synthétique (tous les détails de la contre-démonstration sont consultables ici), retenons que le mensonge de Piketty repose sur trois piliers :
1. Le champ de son étude ne tient compte que des 18-65 ans exerçant une activité professionnelle à temps plein. Exit les retraités, les chômeurs, les temps partiels. Ce parti pris écarte près de 30 millions d’adultes, parmi les moins lourdement taxés ! Si l’on réintègre l’ensemble de la population, le taux de prélèvement des 50% de Français les plus modestes tombe à 30%.
2. Il ne tient pas compte des mécanismes redistributifs. C’est-à-dire qu’indemnités chômages, minima sociaux, RSA n’entrent pas dans les revenus des plus pauvres.
3. Il intègre aux revenus des plus riches les bénéfices non distribués par les sociétés, considérant que ces « revenus », pourtant purement virtuels, représentent un enrichissement « potentiel »
En revenant à des calculs basés sur la réalité, le taux de prélèvement des plus riches est proche des 40% tandis que celui des plus pauvres ne dépasse pas 22%. Soyons précis jusqu’au bout, il existe en effet une microscopique régressivité bénéficiant aux très très riches (les 0,01) vis-à-vis des très riches (les 0,1). Par ses investissements, Liliane Betancourt parviendrait donc à bénéficier d’un pourcentage de prélèvement obligatoire légèrement inférieur à celui de son conseiller en optimisation fiscale ? Tant mieux pour elle ! Mais cela ne remet pas une seconde en cause le fait que le taux d’imposition de la vieille dame reste largement supérieur à celui de 99,99% de la population. Rappelons au passage qu’en 2009 (dernières statistiques disponibles), les 1% des foyers les plus aisés contribuent à eux seuls pour 38% du montant total prélevé par l’État au titre de l’impôt sur le revenu…
Un bobard aux effets dévastateurs…
Qu’un intellectuel plus ou moins marxisant se répande dans les médias pour proférer ses mensonges n’est pas bien grave, pourrait-on se dire. Jacques Généreux, Emmanuel Todd, Monique Pinçon-Charlot, Paul Jorion, Michel Husson… Ils sont légion à avoir l’occasion de raconter leurs bêtises dans un micro et la terre n’en continue pas moins de tourner. C’est le jeu de la libre expression, après tout. À la différence près que l’imposture s’avère dans ce cas autrement plus dommageable.
Certes, quelques personnes ont parfois la possibilité de cette construction en pièces. Une chance, face à Eric Le Boucher sur Europe 1, se trouvait justement la directrice de l’Ifrap Agnès Verdier-Molinié. Deux minutes à peine lui ont suffi pour rétablir la vérité. Mais de telles interventions dans les grands médias sont trop rares et reposent sur des arguments forcément trop techniques pour démonter la supercherie une bonne fois pour toutes. Le piège semble donc s’être refermé. Il est d’autant plus diabolique qu’il s’apprête à servir de faire valoir à la remise à plat fiscale hausse d’impôts pour les plus « riches » concoctée par le gouvernement. Lorsque Jean-Marc Ayrault promet une réforme « à prélèvements obligatoires constants », chacun comprend en effet que l’argent va devoir être prélevé de la poche de Pierre pour finir dans celle de Jacques. Et pour justifier un tel racket, quoi de mieux qu’une belle courbe démontrant scientifiquement que Pierre paye proportionnellement moins d’impôt que Jacques alors qu’il gagne beaucoup plus ? Le tour est joué. Chapeau, l’artiste.
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