Suite et fin du diptyque, les héros reviennent toujours de l’enfer !
Scénario de Alexandro Jodorowsky, dessin de François Boucq, Public conseillé : Adulte, adolescent, homme ou femme
Style : Western
Paru chez Glenat, le 20 Novembre 2013Share
L’histoire
Deep-End. Deux gardes viennent chercher « Bouncer » dans sa geôle pour le traîner dans les appartements de l’épouse de Ugly John (le maître des lieux). Repas fin arrosé de champagne, voilà le sort que lui réserve la belle jeune femme. Après ces agapes, la mystérieuse hôtesse lui raconte l’histoire.
Fondé sur un accord entre geôliers et mutins, Deep-End est aux mains des hors-la-loi de la pire espèce. Ils y trouvent un lieu de débauche, où profiter en toute impunité de leurs rapines.
Dans cette « Sodome » de l’ouest, aucune règle, exceptée celle de s’entre-tuer n’est appliquée. La contre-partie : un versement d’une partie de leurs gains au maître de Deep-end.
Après l’explication, l’épouse de Ugly John se jette sur le Bouncer, quant son mari entre dans la pièce. Il interrompt brutalement la scène et fait enfermer le Bouncer dans une salle de torture. Puis toujours cagoulé, Ugly John apparaît…
From hell… and back
A la fin de « From Hell », le tome 8 de Bouncer, Jodorowsky et Boucq avaient laissés leur héros dans une mauvaise posture. Enfermé, sans espoir de fuite, dans cette « Babylone » sauvage, ils ne laissaient que peu d’options au manchot pour sortir de là vivant et accomplir sa mission (ramener Pretty John). Dans cette fin de diptyque « And back », Jodorowsky commence calmement. Il rappelle les conditions sauvages qui règnent dans Deep-end, puis noue une relation de séduction entre la femme du maître et le Bouncer.
C’est cette liaison (torride, voire limite sado-masochiste) qui permet au Bouncer de s’enfuir.
A partir de là, tout s’accélère !
Défenseur de la loi, le Bouncer n’oublie pas ses devoirs et décide de faire coup double. Il se sauve, oui, mais ramène « Pretty John » et libère une jeune prisonnière.
Une traque folle suit pendant les deux tiers de l’album, entraînant de nombreux personnages dans son sillage. Les renégats de Deep-end bien sur, mais aussi les inquiétants « Skulls », sans oublier deux amis bien venus : « Faucon noir » et l’indien Goyathly.
Avec « And back », la bien-nommée fin de cycle, Alejandro Jodorowsky multiplie les rebondissements. Nombreux, prévisibles, ou totalement surprenants, Jodorowsky fait feu de tout bois pour nous surprendre ! La tension palpable n’en finit pas de se renouveler à chaque tournants du scénario.
La course-poursuite haletante est portée par une galerie de portraits peu amène. Affreux, sans pitiés, déformés psychologiquement et souvent physiquement, les adversaires sont des sauvages de la pire espèce que je n’aimerais pas croiser au bord d’un chemin. Enfin, le paysage fait partie intégrante des personnages de ce diptyque. Après le froid glacial et mortel de « From hell », c’est le désert et sa chaleur tout aussi létale qui servent de cadre « idyllique » à la traque.
Le dessin
Waouuuu, une fois de plus, François Boucq démontre (s’il en était besoin) sa maîtrise du dessin réaliste. Personnages aux expressions parfaites, décors magnifiques, dynamisme, cadrage et découpage ultra-lisible, j’aimerais beaucoup trouver des défauts au dessin de François Boucq, mais je n’y arrive pas…
Avec cette impression d’avoir assisté à un film en Technicolor sur grand écran, je ne peux que m’extasier devant la leçon de dessin de BD que je viens de prendre dans la gueule.
Pour résumer
La suite et fin du diptyque, “And back” m’a donné une grande claque. Entourés de personnages tordus, cruels et méchants, le Bouncer repart dans la sauvagerie et l’horreur. Mis en image par le dessin somptueux de François Boucq, Jodorowsky nous offre un scénario haletant aux rebondissements toujours renouvelés. On en sort épuisé et accroc à une suite…